Tous Musulmans !
Pour Muhammad, les Juifs et les Chrétiens des origines sont des musulmans, car islam signifie « soumission » (à Dieu). Pour les musulmans tous les prophètes cités dans la torah et les évangiles sont musulmans pour la même raison. Selon eux, les juifs et les chrétiens ont cessé d’être des musulmans parce qu’ils n’ont pas cru en Muhammad comme Messager de dieu. Ils sont des insoumis.

Le califat de Cordoue au temps d’Abd-al-Rahman III (Xe siècle). Le Calife reçoit des ambassadeurs, tableau de Dionisio Baixeras Verdaguer (1885). Wikimedia (cc)
De la même manière, les chrétiens des origines étaient des juifs qui ont cessé de l’être quand ils ont décidé, contre l’opinion des juifs orthodoxes que Jésus était le messie, et les chrétiens, à l’instar des musulmans envers eux, ont, en somme, renié les juifs pour n’avoir pas cru en Jésus comme étant le messie.
Muhammad, après sa victoire sur les Qorayshites (sa tribu d’origine) veut étendre l’islam sur le monde connu. Mais le Proche Orient vit sous trois autres systèmes religieux (ibid) : le christianisme, le judaïsme et le polythéisme. Le judaïsme est surtout dans la zone arabique, ou expatrié par la Diaspora, hors d’atteinte. Le christianisme est sous l’autorité de Byzance, qui est une importante puissance militaire. Le polythéisme, assez incontrôlable, pour être le fait de tribus nomades.
Muhammad enverra des émissaires diplomatiques pour proposer aux autorités ecclésiastiques byzantines de s’unir à la nouvelle foi. Comme c’était prévisible, sans succès. Il eut moins de considération pour les Juifs : il « obligea » beaucoup d’eux à se convertir à l’islam, et en extermina beaucoup d’autres. L’inquisition chrétienne utilisera les mêmes méthodes près de 1.000 ans plus tard.
« Certes, ceux qui ont cru, qui se sont judaïsés, les nazaréens et les sabéens, quiconque d’entre eux a cru en Allah, au jour dernier et accompli de bonnes ouvres sera récompensé par son seigneur : il n’éprouvera aucune crainte et ne sera jamais affligé ». (Coran, II 62) « N’as-tu pas vu comment agissent ceux qui ont reçu une part du Livre et qui sont invités au livre d’Allah pour trancher leurs différents ? : comment un groupe d’entre eux tourne le dos et s’esquive ? » (Coran, III 23).
Ô, gens du livre (les Juifs, pour être les détenteurs de la Torah), pourquoi ne croyez-vous pas aux versets d’Allah alors que vous en êtes témoins. Ô, gens du livre, pourquoi mêlez-vous le faux au vrai et cachez-vous sciemment la vérité ? » (Coran III 70, 71) « Mais ils ne sont pas tous pareils. Il est, parmi les gens du livre une communauté droite, qui, aux heures de la nuit, récitent les versets d’Allah en se prosternant ». (Coran, III 113, 114) « il y a, certes, parmi les gens du livre, ceux qui croient en Allah et en ce qu’on a fait descendre vers eux. Ils sont humbles devant Allah et ne vendent pas les versets d’Allah à vil prix. Voilà ceux dont la récompense est auprès de leur seigneur. En réalité, Allah est prompt à faire les comptes ». (Coran, III 199)
« Ô vous à qui on a donné le livre, (les Chrétiens) croyez en ce qu’on a fait descendre en confirmation de ce que vous aviez déjà, avant que nous effacions les visages et ne les retournons d’avant en arrière ou que nous les maudissions comme nous avons maudit les gens du sabbat. Car le commandement d’Allah est toujours exécuté ». (Coran, IV 47)
« Ô croyants, ne prenez ni les juifs, ni les chrétiens pour alliés. Ils sont alliés les uns aux autres. Et celui qui les prend pour alliés devient l’un des leurs. Et Allah ne guide pas les gens injustes ». (Coran, V 51) tu trouveras certainement que les juifs et les associateurs (qui associent qui que ce soit à Dieu, Jésus comme fils, par exemple) sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras, certes, que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : « nous sommes chrétiens. C’est qu’il y a parmi eux des prêtres et des moines et qu’ils ne s’enflent pas d’orgueil ». (Coran, V 82).
Les revirements dans les opinions du Messager quant aux Juifs et aux Chrétiens s’expliquent par les épisodes confus (pour nous) des tentatives successives et assez infructueuses du Messager pour s’allier les sociétés religieuses de la région. Il eut plus de chance avec les polythéistes illettrés et plus opportunistes.
Les hadits.
Les hadits sont les faits ou dires de Muhammad, recueillis par ses contemporains et transmis de façon orale (sunna) ou écrite. Ils sont (un peu) comparables aux actes des apôtres dans le christianisme. Les autorités islamiques, depuis les « premiers temps » ont fait un choix entre les hadiths véridiques et douteux. Les exégètes s’en servent pour comprendre plus précisément le texte coranique. Ils permettent aussi d’approcher de façon plus fine la personnalité du messager.
Il faut souligner que les hadiths véridiques transmis oralement sont hautement considérés, autant que ceux consignés par l’écriture.
La Kaaba.
La tradition attribue la construction de la Kaaba à Abraham. Ensuite, elle fut utilisée par les polythéistes pour y loger leurs dieux, puis restituée au dieu d’Abraham, « Allah ». Pour les musulmans, c’est le lieu le plus sacré du monde.
Le Coran livre révélé.
La bible, comme beaucoup de textes sacrés dans le monde, est un texte « inspiré », un ensemble de textes écrits par des hommes « inspirés », mais des hommes, donc faillibles. Le Coran est un texte révélé, selon le dogme musulman, transmis de Dieu à Muhammad par l’ange Gabriel. Cela signifie qu’il s’agit de la parole littérale de dieu et qu’elle ne peut donc ni se changer, ni se corriger, ni en altérer le sens, ni du temps de sa révélation, ni aujourd’hui, ni pour l’éternité.
Mais
Le Coran a été reçu par le Messager dans la deuxième moitié du septième siècle. Beaucoup de recommandations sociales, de considérations politiques, de règles de Droit, ont été transmises au Messager pour qu‘il guide son peuple à ce moment de l’Histoire, certainement pas pour l’éternité. L’observance de ces révélations a généré les effets grandioses que l’on sait, mais le propre de l’Histoire, c’est d’évoluer constamment ! Et il appartenait aux hommes de s’inspirer des principes de la pensée divine, pour les adapter aux changements évidents imposés par l’évolution de la civilisation arabe, musulmane et mondiale. Certaines règles furent fixées pour la société du temps mais n’auraient plus de sens aujourd’hui. Prenons l’exemple de la Loi du Talion. Ce texte d’Hammourabi avait un sens dans un jeune pays, formés de tribus récemment constituées en nation, mais encore turbulentes des usages anciens de violence et il fallait à leurs débordements des barrières sévères. Mais imaginerai-t-on l’application de l’œil pour l’œil, l’esclave pour l’esclave aujourd’hui ? Appliquerait-t-on un tel principe dans nos maisons ? La sagesse ne consistait pas à ne changer aucune règle parce qu’elle avait été édictée voici des siècles, mais au contraire à prouver à Dieu que son message avait été compris dans son intégralité et dans la perspective de son application pour l’éternité.
Circonstances physiques des révélations coraniques.
Muhammad recevait les versets du coran pendant des songes prophétiques par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Le Messager ne savait pas écrire, et, à son réveil, il dictait le message de dieu à son secrétaire, s’il était présent, ou à quelqu’un de son entourage afin qu’il soit transcrit plus tard. Dans ce cas, le texte était recueilli sur n’importe quelle surface (os, pierre, toile, peau d’animal, palimpseste, etc.). Certains de ces supports ont été conservés jusqu’à nos jours. L’ordre des textes dans le coran n’est pas celui de la chronologie de la révélation. Un ordre (approximatif) par taille des « sourates », des plus longues vers les plus courtes fut adopté après la mort du Messager.
Celui-ci affirme qu’une de ses missions essentielles est la confirmation des textes sacrés antérieurs (la Torah et l’Evangile) et non leur destruction. « Il a fait descendre sur toi le livre révélé avec la vérité, rendant véridique ce qu’il y avait avant. Il a fait descendre la Torah et l’Evangile » (III. 3) un guide de vie complet « il n’y a rien de visible ou d’invisible dans le ciel ou sur la terre qui ne soit inscrit dans le livre évident » (XXVII 75) un monothéisme sans compromis « Dis : Dieu est unique ; je suis innocent du fait que vous lui associez d’autres dieux ». (VI 19-22) « Dieu dit : ô jésus, fils de marie est-ce toi qui a dit : prenez-moi et prenez ma mère comme dieux qu’il faut adorer en plus de Dieu ? ». « Gloire à toi, répondit jésus, il ne m’appartient pas de dire ce qui n’est pas vrai ! si je l’avais dit, tu l’aurais su ! tu sais ce qu’il y a en moi » (v 116) « gloire à Dieu, qui n’a pas de fils, qui n’a pas d’associé dans sa royauté » (XVII 111)