- Promenade d’un agnostique. Présentation
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 1
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 2 : le Judaïsme. Prolégomènes.
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 2 : le Judaïsme. Les grands épisodes.
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 3 : de l’Exode au Deutéronome
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 4 : Les livres prophétiques
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 5 : Le christianisme. Introduction
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 6 : Le christianisme. Suite
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 7 : L’Islam. Prolégomènes
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 7 : l’Islam. Suite
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 7 : l’Islam. Suite 2
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 7 : l’Islam. fin.
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 8 : textes essentiels
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 9 : Les sectes
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 10 : La spiritualité
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 11 : Les spiritualités orientales.
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 12 : Religions meso- américaines
- Promenade d’un agnostique. Chapitre 13 : Les religions africaines. Conclusion
Les religions, ces structures psychosociales qui ont envahi et, pour une part, conquis le monde, influencé les rois et les peuples, ont connu des fortunes diverses, le plus souvent en relation avec leur succès à honorer leur étymologie : religion de ligare (latin pour « relier ») les fidèles entre eux. Elles ont été les facteurs des guerres les plus meurtrières, car elles promettaient au guerrier mort une vie de bonheur après sa vie terrestre et justifiaient leur cruauté par la défense de leur divinité.
Les trois religions qui, aujourd’hui, représentent la moitié de la population mondiale, procèdent du même filum : la religion Judaïque, qui a engendré le Christianisme et l’Islam, se réclament du même dieu, celui des Juifs.
L’historicité de l’existence de ce dieu, le dieu des Juifs, est attestée, pour ses fidèles, par le Livre, la Torah, à laquelle s’est ajoutée la geste Chrétienne, l’Évangile, au premier siècle et le fondement de la religion musulmane, le Coran, au VI° et VII° siècle, AD.
Bien que des commentaires, de notre temps, n’ont guère de chance d’être fondés à une exégèse de six mille ans, il demeure que ces trois monothéismes ont basé leur foi sur les références scripturaires qui nous sont parvenues.
C’est l’évocation de ces textes et des faits qu’ils ont suscités qui vous sont proposés dans ce « feuilleton » historico-religieux, par un abord aussi précis que possible (les références textuelles permettent à chacun de contrôler l’exactitude des citations, dans les livres mentionnés) et un éclairage humble et respectueux.
Chaque semaine un chapitre du livre sera publié.
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Introduction
Mettons-nous d’abord d’accord sur ce qu’est l’agnosticisme :
D’un côté, les athées, qui ne sont ni intéressés ni adeptes du sacré ou du divin. Ils ne le méprisent pas (toujours), simplement, cela ne les intéresse pas. Selon eux, on nait, on vit, on meurt et là s’arrête l’histoire : place à d’autres. Ils notent que si l’on faisait une boule avec les cadavres de tous les êtres vivants depuis l’origine de la vie, cette boule serait aussi grosse que la Terre elle-même. Le plus probable est qu’ils se recyclent.
De l’autre, les croyants, adeptes le plus souvent d’une religion, mais pas toujours. Il en est qui croient à une force ou un être supérieur, démiurge plus ou moins bienfaisant, sans pour autant s’inféoder à une croyance réglée. Ils n’imaginent pas le monde sans créateur éventuellement directeur de toutes choses, omnipotent et omniscient. Ils croient plus souvent au « destin » du fait que leur dieu dirige toute vie.
Nombreux sont ceux qui croient simplement que l’homme ne peut, statistiquement, être l’espèce la plus intelligente de l’univers et pensent – ce qui serait alors assez raisonnable – qu’il peut y avoir beaucoup d’espèces infiniment plus évoluées, capables de ce que nous considèrerions un prodige, très au-delà de ce que notre imagination peut attribuer à un dieu.
En marge de ces concepts, celui d’agnosticisme. Esprits concrets et ouverts, souvent de formation ou d’orientation scientifique, ils s’intéressent à tout avec bienveillance et humilité, y compris aux religions et orientations spirituelles, mais ne croient que ce qui est démontré. Ceux-ci n’ont jamais franchi, en matière religieuse, les obstacles qui séparent l’ignorance du croire, puis du croire au savoir. Les croyants qui atteignent ce savoir ne font, en fait, qu’éloigner ou ignorer leurs doutes, car nul ne peut démontrer l’existence d’un dieu, pas plus, pour les athées, que sa non-existence. C’est la première et plus importante aporie qu’a eu à résoudre l’humanité. Sans succès jusqu’à maintenant. Être, ou non, croyant est resté, jusqu’à aujourd’hui, affaire d’opinion. D’où l’absurdité du prosélytisme, qui prétend susciter ou imposer à l’autre un changement d’opinion, sans autre fondement que la croyance d’avoir raison, au mépris du libre arbitre.
C’est un de ces agnostiques qui nous raconte son cheminement parmi les diverses spiritualités.
Né dans un cimetière du Sud algérien – son grand-père, retraité de la légion étrangère en était le conservateur – il est, jeune encore, parti au Maroc, mais il est revenu régulièrement, pour les vacances scolaires vivre quelques semaines chaque année, dans cet endroit où, malgré toute évidence, on parlait beaucoup d’immortalité. Aider à collecter les os au fond des tombes en fin de concession, en étant bien sûr que l’ex-cadavre reconstitué au bord du trou ne soit pas amputé de son capital squelettique, avant de les mettre dans une boîte à ossements qui sera déposée dans l’ossuaire communal, était un exercice délicat et formateur pour un futur anatomiste.
Au Maroc, à Fès, puis à Casablanca, comme la majorité des jeunes européens du temps, il a fréquenté les catéchistes, fait ses première et seconde communions, entérinées par quelques années de scoutisme, avant son retour – « événements » obligent – en Europe. En Suisse précisément.
La diversité des religions dans cet accueillant pays, aussi cultivé qu’ouvert et son vécu de 15 ans dans des pays arabo-musulmans et chrétiens (et une discrète, mais agissante, communauté juive) a suscité son envie « d’en savoir plus » sur ce fonds trouble d’opposition sociale, aussi impalpable qu’inquiétant s’agissant de croyances vécues durant sa prime jeunesse.
Dès son adolescence, des questions se sont imposées à lui : tel qu’il voyait le monde, pourquoi les êtres humains ne se contentaient-ils pas de naître, vivre et mourir ? Il y avait déjà tant à faire avec le monde concret, celui du travail, des deux ou trois repas par jour, et de toutes ces histoires du monde des adultes sur les guerres, dont il n’arrivait pas à saisir le sens, bien qu’il fût tout à fait capable de lire les journaux ou écouter la radio ; pourquoi donc fallait-il inventer un monde sans existence palpable et motif de toutes les séparations, méfiances, haines, guerres quelques fois, insultes souvent : les religions. Pourquoi ce monde irréel prenait-il tant de place quand le monde, fait essentiellement de travail de tous les jours, qui épuisait la majorité des gens qu’il connaissait et le remplissait déjà ?
C’est pour répondre à ces questions, que, dès sa quatorzième année, il « entra en religion ». Non comme acteur, mais comme observateur, à la manière d’un entomologiste. Il a poursuivi cette enquête toute sa vie dont il fait part aujourd’hui, à 85 ans.