Livre premier – Les fondamentaux
Chapitre premier.
Pour évoquer les trois monothéismes et leurs singularités, la source est évidente : ils ont le même livre fondamental : La Torah des Juifs, très proche de la Bible des Chrétiens qui en est issue. Ceux-ci, cependant, accordent aussi une grande importance aux Évangiles, récit de la vie de Jésus, pour eux fils de Dieu, le Messie. Le Coran, qui, pour ses relations de l’Islam à Dieu, s’inspire souvent de ces deux premiers textes, avec cependant une rigueur absolue quant à l’Unicité d’Allah (LA divinité), LE dieu, Dieu.
Livre sacré des Juifs, la Torah donne en effet ses bases scripturaires à l’enseignement de Jésus, qui intervient dans les synagogues et cite souvent les « Écritures » lors de sa vie publique.
Le personnage fondateur du Christianisme – ce même Jésus de Nazareth – est un juif de stricte observance et il pose les bases de sa filiation au dieu des Juifs dans de nombreux passages des Évangiles.
Quant à l’Islam, son fondateur reçoit le Saint Coran de la bouche de l’ange Gabriel (il n’y a pas d’archange en Islam), qui est la parole-même de Dieu, donc un texte révélé, non inspiré comme la Torah. Le Messager (Rasoul) affirme à plusieurs reprises qu’il n’est pas venu détruire mais confirmer ce qui était avant lui et il cite nommément la Torah et l’Évangile. Pas toujours de façon rigoureuse, mais évidemment sincère.
D’ailleurs, la parenté de l’Islam au christianisme est confirmée par les sourates 3 et 19 du Coran, qui relatent l’Annonciation à Marie et au Judaïsme par la totale identité des prophètes Juifs, Chrétiens et Musulmans. Enfin, les différents entre l’Islam et les deux autres monothéismes concernent d’abord le fait que pour l’Islam, Dieu unique ne saurait avoir de fils (Jésus pour les Chrétiens et les « fils de Dieu » dans la Genèse) ou nulle autre parenté et que, pour les musulmans, le Judaïsme et le Christianisme ont répondu de façon impropre à l’alliance offerte par Dieu.
Deux faits notoires : D’abord, dans les deux derniers millénaires, les Juifs n’ont jamais eu de conflits armés, si nombreux entre Chrétiens et Musulmans et, après la destruction du temple par Titus, en 70, et la Diaspora ils se sont séparés entre Sépharades (juifs d’Espagne) et Ashkénazes (Juifs d’Allemagne et d’Europe centrale), qui, malgré quelques discordes avec les puissants de ces régions, ont su s’intégrer dans le tissu social sans événements dramatiques majeurs. Plus de six siècles après la Diaspora, la grande conquête arabe a entraîné des populations juives qu’elle a essaimé dans les pays riverains du Sud méditerranéen, jusqu’en Espagne. L’interdiction d’accès à la propriété foncière par le monde chrétien, les ont orientés vers le commerce et la finance, deux disciplines où ils ont excellé. Et excellent encore aujourd’hui.
Par contre, les conflits importants entre Musulmans et Chrétiens, qui ont connu des sommets entre le XI° et le XIII° siècles, lors des Croisades, ont été le prétexte de guerres, comme aussi lors de l’invasion arabo-berbère de l’Espagne du VIII° au XV siècles, encore que cette invasion fût sans doute davantage une conquête territoriale qu’une guerre de religion. Il existe encore, de nos jours, de tels conflits armés musulmans-chrétiens dans plusieurs régions du monde.
Ce bref résumé ne propose pas de détails historiques, mais veut souligner, de façon contondante, que le Judaïsme, la Christianisme et l’Islam – par ordre chronologique d’apparition – sont une seule foi, en un seul dieu, et donc le même pour les trois. Qu’on pardonne le pléonasme. D’où l’inanité des conflits entre eux.
Mais de tels conflits ont eu lieu entre obédiences plus proches encore, dont les plus spectaculaires ont été les guerres de religions, entre Chrétiens : catholiques et protestants ; huit guerres dans la seconde moitié du XVème siècle !
Et, au cours des vingt derniers siècles, un mépris des juifs, pourtant non belliqueux et respectueux des lois de leurs pays d’accueil, citadins discrets, dont l’intelligence fit de prospères financiers, jusqu’à devenir souvent les prêteurs des rois et des puissants.