- 30 clefs pour communiquer – Introduction
- 30 clefs pour communiquer – §1 : le respect de soi et des autres
- 30 clefs pour communiquer – §2 : l’ouverture
- 30 clefs pour communiquer – §3 : L’écoute.
- 30 clefs pour communiquer – §4 : La recherche du consensus.
- 30 clefs pour communiquer – §5 : D’accord, mais sur quoi ?
- 30 clefs pour communiquer – §6 : Communicatif et communicant.
- 30 clefs pour communiquer – §7 : Le devoir de discrétion.
Le livre – généralement l’écriture, est un moyen puissant de communication pour sa permanence dans le temps (effet d’archive) et dans l’espace : de nombreux lecteurs ont le même texte – non altéré par la transmission – à leur disposition. Ceci ne signifie pas qu’ils le comprendront de la même manière, ce qui représente, pour le consensus, un premier écueil. Le second est que le livre n’est pas interactif. Le lecteur ne peut exprimer, en temps réel, son désaccord avec certains propos, sa volonté d’en nuancer d’autres ou signifier son adhésion.
En ceci, le livre est frustrant. L’écrit, plus généralement, l’est aussi par son caractère définitif, inadaptable aux lecteurs, évidemment. Seuls parmi ces derniers, ayant un niveau culturel comparable à celui de l’auteur pourront comprendre le fonds de l’ouvrage (selon l’auteur), de la même manière qu’on ne comprend que superficiellement un livre écrit dans une langue que l’on ne domine pas vraiment.
Ce handicap culturel est un inconvénient de taille, car l’écriture est le mode de transmission qui se prête le mieux à l’expression précise, par la grammaire plus élaborée de la langue écrite, par la volonté de perfection de tout auteur (relecture, corrections, prise en compte des critiques, etc.) avant de publier un ouvrage. Certains auteurs utilisent volontiers la redondance, les renvois en bas de page, les « c’est-à-dire », pour minimiser les pertes de sens, mais au détriment de la fluidité du texte, autre danger d’alourdissement du message. Malgré ses défauts, l’écriture reste le moyen de communication le plus riche, le plus précis et le plus fécond.
Le langage parlé, par définition interactif puisqu’il concerne au moins deux personnes, (encore que des regards discrets vers les voitures voisines dans le flot de la circulation matinale remet sérieusement cette affirmation en cause), supprime d’emblée l’obstacle culturel, car on sait (normalement) à qui l’on parle et on adapte son discours en conséquence. On exprime moins, mais on communique mieux ce qu’on exprime. Là, la redite, la redondance, l’insistance, marque le niveau d’estime, au niveau culturel, que l’on a pour son interlocuteur. L’autre aspect intéressant de l’interaction réside dans le « pilotage à vue » du langage parlé. L’intention du message (le but recherché), est atteint par des chemins très différents en fonction de l’interlocuteur, non seulement pour les différences culturelles, mais aussi par les réactions (questions, remarques, approbations, expressions de doutes, etc.), qui modifient en permanence la conduite de l’échange.
Le langage – parlé ou écrit – est grevé d’autres facteurs, relatifs aux domaines sociaux, émotionnels, circonstanciels. Le simple fait d’inviter quelqu’un à dîner, par carte de visite ou par téléphone, peut revêtir une forme très différente si on s’adresse à un récent marié, à une récente divorcée, à un camarade d’études ou à un supérieur hiérarchique.
La qualité de la communication dépend aussi du degré d’implication des interlocuteurs. Parler « de tout et de rien » en faisant quelques pas avec un ami qu’on quittera au coin de la rue, ou défendre son innocence contre une accusation d’assassinat ne mobilise pas les mêmes ressources, ni la même énergie. Quand le fond et la forme vont s’élaborant, le langage parlé se rapproche du langage écrit. La plupart des textes importants qui se disent, s’écrivent d’abord. Et l’expression populaire qui reconnaît les qualités d’un orateur le taxe de « parler comme un livre ».
Enfin, la communication est avant tout un état d’esprit. Une communication peut atteindre ses buts, même si elle n’est pas techniquement parfaite, dès lors que les interlocuteurs veulent vraiment communiquer. Les enfants, sur les plages d’été cosmopolites, jouent entre eux, et finissent par tout savoir les uns des autres, souvent sans avoir de langage commun autre que l’envie de communiquer.
Communiquer, c’est d’abord vouloir « savoir » l’autre pour mieux le vivre. Et connaître l’autre, c’est d’abord apprendre à ne pas le heurter, donc à le respecter.
Si l’on avait tout dit du respect, on n’aurait pas besoin de parler de communication, car, quand elle est bien comprise, (la) communication est l’autre nom du respect.
Ghandi disait qu’il n’y a pas de chemin vers la Paix, que la Paix est le chemin. Et le seul chemin qui fut le sien, avec ses fruits impérissables, fut celui de la négociation, terrain princeps de la Communication.