Ce n’est pas déprécier la courtoisie – au contraire – que de lui reconnaître un aspect artificiel, un peu normatif.
L’usage du sourire, de l’écoute, de l’interdiction qu’on se fait d’interrompre l’autre dans son discours, même s’il ne pratique pas la même discipline, la ponctualité, le contrôle de la hauteur du ton, le rire fréquent mais non tonitruant, des opinions, proposées courtoisement, en réponse aux demandes plutôt qu’assénées, les petits services rendus qu’on minimise, sont, chacun en soi, une clé d’une extraordinaire puissance, à laquelle peu de portes résistent.
Les bougons, les bilieux, les autoritaires, résistent mieux à un argument qu’à un sourire. Préparés qu’ils sont à l’affrontement, la non violence les désarçonne.
La clé : peut-être ne faut-il pas aller jusqu’à « tendre l’autre joue », pour ne pas induire le gifleur en erreur quant à nos intentions masochistes, mais un peu de résistance à notre propre impatience face à l’impolitesse, la grandiloquence ou la mégalomanie est certainement profitable à tous.