La nouvelle folie socio religieuse : L’Abaya.

L’argumentation des « pour » ou « contre » repose sur l’éventuel aspect religieux du problème.

Les vêtements d’un peuple ne sont pas un effet de sa religion, mais de ses valeurs ethnologiques. Ils ont d’abord été conçus en fonction du climat. Les Lapons usent de fourrures, les Masaïs d‘un morceau d’étoffe jeté sur l’épaule, les Andins de lourds ponchos de laine de lama, les nomades du désert marocains portent la Melfha – pour la femme – et la Daraa chez les hommes, vêtements adaptés à la protection du soleil, du vent et du sable. Des modifications, mineures, ont été apportées par la religion islamique.

Il n’y a dans le Coran, qu’un seul verset qui évoque la vêture des femmes et il n’est pas pour envelopper celles-ci, mais au contraire pour les inciter à abaisser leurs voiles afin d’être reconnues et ainsi protégées de sévices. (Sourate 33, verset 59). C’est la tradition qui a inversé le sens de ce verset sur la base de l’ambiguïté du verbe « dana » qui peut être lu comme baisser, ramener sur soi, abaisser. Les femmes n’ont évidemment pas voix au chapitre quand il s’agit d’interprétation des textes. Surtout dans ce domaine.

Les vêtements féminins enveloppants ne sont que le résultat de l’appropriation des femmes par le patriarcat, qui institutionalise la femme comme la propriété absolue de l’homme. Certaines ethnies musulmanes – en Afghanistan, par exemple – ne peuvent « cacher » cet état de chose, car la femme est non seulement enveloppée de tissu noir, mais encore elle a la tête complètement recouverte, et que la vue n’est possible qu’à travers une petite grille au maillage serré devant les yeux.

Si « on » veut soutenir la thèse de l’aspect pratique, protégé, on s’étonne que les hommes aillent vêtus de Jeans et de T-shirts. La même remarque s’applique pour l’Iran et d’autres pays de même confession.

L’abaya est donc un enveloppement du corps de la femme, imposé par l’homme pour protéger celle-là de la concupiscence d’autres hommes.

Mais, in fine que craignent ces hommes ? Que la vertu de la femme soit insuffisante pour la protéger de toute atteinte indésirable, ou qu’en étant « dévoilée », leur femme ne leur soit plus réservée comme objet de désir ? Difficile challenge qui demanderait un éclaircissement sur la façon dont eux regardent les autres femmes que la leur. Ou pire, que leur façon d’être en couple ne leur ne garantisse pas la pérennité de la fidélité féminine.

Reste l’aspect contestataire. Mettre en cause, par une loi républicaine, une tradition religieuse, même si celle-ci est indéfendable comme telle, ne peut que conduire à une levée de boucliers, renforçant des valeurs communautaires assises sur un état de fait immuable : le Coran n’est pas qu’un texte réglant les aspects religieux, mais aussi tous les autres aspects de la vie sociale, qui deviennent donc des prescriptions sacrées.

Pour un musulman, que la République légifère sur un aspect impliquant une prescription coranique est aussi absurde qu’imaginer que l’islam puisse imposer à un peuple républicain ses valeurs et obligations.

Il est à craindre que la laïcité ne soit un concept banni par essence de la vision islamique du monde. Quand les musulmans seront assez nombreux pour s’opposer par la force à ce genre de disposition, ils le feront, comme on fait une guerre sainte. Il sera alors tard pour chercher des compromis intelligents.

Une lueur, peut-être : l’anthropologie nous apprend qu’une société puise ses valeurs et les entretient, surtout, dans deux champs de la pensée : les coutumes et la religion.

Dans la confrontation de deux civilisations, à mesure que les mondes coutumiers s’interpénètrent, les domaines religieux deviennent plus conciliants.

Dans le cas présent, ce ne sont pas les différends religieux qui « pèsent » le plus, dès lors que le Christianisme et l’Islam croient au même dieu, ont les mêmes prophètes, que le Coran évoque de nombreuses fois des faits évoqués par la Torah et les Évangiles, qu’il révère Jésus comme le plus important des prophètes, mais nie sa filiation à Dieu, pour le Coran Unique, sans filiation ni association en Sa divinité. Ce genre de différend peut être glosé à l’infini et ne pourrait être tranché que par le monde divin.

Les Chrétiens orthodoxes ont eu des griefs plus prégnants contre l’église papale qui ne donnent pas lieu à des conflits théologiques et moins encore armés ! Encore que les guerres de religions…

Quant aux coutumes, elles sont évidemment moins inflexibles que les dogmes et les mariages interraciaux de plus en plus fréquents en témoignent. Ces exemples d’amour entre deux êtres de confessions différentes ouvrent un chemin sans retour. Les sages et les docteurs de la foi trouveront certainement de possibles rapprochements salutaires.

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