Le principe : Jésus, le fils, se sacrifie à son père, Dieu, pour racheter les péchés des hommes.
La première réflexion qui s’impose serait de débattre de la nature d’un père qui accepterait qu’on lui immole son fils, d’ailleurs pour les chrétiens un des trois éléments de la Sainte Trinité et pour les Monophysites, un être qui est consubstantiel à Dieu. Auquel cas, Jésus se sacrifierait à lui-même.
Jésus a le pouvoir de pardonner les péchés : « va ! Tes péchés te sont remis », prérogative divine. Dès lors, quel est le sens réel de son sacrifice s’Il pouvait dispenser le pardon des péchés des hommes lui-même.
Sacrifice « pour que les écritures s’accomplissent » disent les Évangiles. De quelles écritures s’agit-il ? On ne trouve à aucun moment dans la Torah ou autre livre une telle prédiction. Ce fatalisme prophétique, dont aucune trace n’existe est singulier : le Fils de L‘Homme décide de sa propre mort pour qu’une telle prophétie s’accomplisse.
Du temps de Pilate, les crucifixions étaient courantes et il n’est pas impossible qu’un tel Yeshoua de Nazareth ait été mis à mort comme agitateur politique, nombreux dans l’Histoire romaine d’alors. L’animosité des prêtres envers cet « amateur » qui attirait les foules aura fait le reste.
Jésus ressuscité : la victoire de Jésus sur la mort est la base du christianisme. À l’encontre du Coran qui affirme que Jésus n’est pas mort sur la croix mais qu’il a été élevé auprès de Dieu, fait qui pour les chrétiens aura lieu après sa résurrection et quarante jours durant lesquels il apparait à ses disciples. Dans les deux propositions, Jésus est élevé aux cieux, mais pour le Coran, sans « passer » par la mort. Si cela avait été les cas, cela aurait donné à Jésus un caractère divin inacceptable pour l’absolue unicité de Dieu. Mais en posant que Jésus est élevé à Dieu lui donne un statut sans égal, d’une profonde révérence ; généreuse position de l’Islam.
Pour clore cette brève évocation, le rappel de la Dernière Cène, festin symbolique cannibale où partageant le pain et le vin, Jésus les assimile à son corps et son sang – l’Hostie et le Vin – acte infiniment répété à la fin de toutes les messes catholiques. Aucun exégète chrétien – ou autre – n’a expliqué, de façon convaincante, la symbolique de cette tradition, sauf peut-être, celle soutenue pour les tribus cannibales qui croient s’attribuer les vertus et qualités du défunt qu’ils consomment. Dans le cas de la tradition chrétienne, c’est lors de la Pentecôte qu’a lieu l’effusion du Saint-Esprit, qui confirme les apôtres dans leur mission et leur donne les moyens de la réaliser : entre autres, la xénoglossie.
Note technique sur la crucifixion :
Si cette croix – d’ailleurs un « T » (le stipe vertical qui était à demeure sur le site du supplice et le patibulum horizontal que le condamné apportait depuis le lieu de sa condamnation sur ses épaules) – supplice romain le plus infamant, a été retenue, sans doute était-ce pour souligner l’humilité du supplicié, son humanité, d’ailleurs soulignée par son adresse désespérée en araméen à son père à l’heure de sa mort : « Elie, Elie, lama sabactani » (« Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »), question bien humaine introduisant le doute essentiel sur la filiation divine de Jésus. C’est Dieu qu’il questionne et non son père.
Dernier détail, les croix romaines n’avaient pas de dispositif permettant d’y clouer les pieds. La mort sur la croix procède d’une asphyxie provoquée par la traction du poids du corps sur les bras, donc sur le thorax, allongeant ainsi la durée du supplice. Les soldats en charge de ce dernier veillaient à ce que les pieds n’aient pas un appui soulageant la douleur et ils brisaient même les jambes, à l’aide d’une barre de fer, afin qu’elles ne puissent servir d’appui. Quant aux bras, ils étaient attachés par des cordes au patibulum. Il n’y avait pas de clous. Des blessures sanglantes de quelque manière que ce fût auraient raccourci le supplice, contrairement à la volonté des bourreaux.
Quant à la blessure infligée par la lance d’un soldat à Son côté droit, elle n’était pas mortelle. Si le soldat avait eu la volonté de tuer, fut-ce pour abréger la souffrance de Jésus, il aurait frappé ailleurs. Un soldat romain savait comment user d’une lance pour tuer. Le geste reste donc énigmatique.
Tout ceci considéré, si un Jésus de Nazareth a été condamné à mort par les Romains, au début du premier siècle, la crucifixion est le procédé le plus vraisemblable.