Perdu dans la contemplation des étoiles, j’essayais d’imaginer les hasards – ou seulement une autre logique – qui avaient conduit ces galaxies à se faire et défaire, entrechoquer et entrephagociter à des échelles difficiles à concevoir et, dans cette gigantesque soupe à la taille de l’Univers, poussières de poussière, des systèmes stellaires, comme le nôtre et, issues du disque proto-solaire – pour le nôtre, cet artefact insignifiant, la Terre, qui, courant sur son erre elliptique, continue son refroidissement qui, quand il sera achevé, en surface, dans deux ou trois milliards d’années, n’apportera qu’un peu de calme sismique, les plaques tectoniques enfin soudées. Calme probablement éphémère, aux âges de l’Univers, puisque notre galaxie doit se fondre, dans environ trois milliards d’années, avec celle d’Andromède, Messier 31.
L’humanité aura disparu depuis longtemps et selon des mécanismes dont nous n’avons pas idée, la Terre sera recouverte d’insectes géophages, à moins que, comme Vénus, sa température de surface n’augmente, du fait de l’effet de serre et n’atteigne quatre ou cinq cents degrés, comme celle de la planète de l’Amour, rendant toute vie impossible, définitivement.
Cette réflexion mène à un paradoxe. L’humanité connait, approximativement, ses origines et peut imaginer sa fin, même si les scénarios sont nombreux et elle ne peut donc pas ignorer qu’elle n’est qu’un phénomène transitoire, négligeable aux temps cosmiques et qu’on pourrait penser que, l’intelligence évoluant avec le temps, elle aurait à cœur de chercher une sorte de perfection sociale, qui rende acceptable ce phénomène passager : la vie humaine.
Eh bien, non ! Depuis que les hommes ne sont (presque) plus cannibales et que leurs congénères ne sont plus une nourriture, ils continuent quand même à s’entretuer, pour le plaisir. L’expression n’est pas une tragique ironie, dès lors que toutes les guerres qui ont jalonné l’Histoire n’avaient pour but et bénéfice que la domination de peuples par d’autres peuples, sous l’égide de monarques mégalomanes, glorifiés par les peuples qu’ils s’ingéniaient à détruire.
Technologie et échanges commerciaux aidant, la convoitise de biens au détriment de l’autre a pris une forme plus subtile et plus insidieuse. Aujourd’hui, en somme, on ne fait plus la guerre aux peuples, on les achète. Et là est un autre intéressant paradoxe : ceux qui les achètent le font en leur permettant d’acquérir à bas prix les artifices du bonheur. Presque tout le monde peut acheter ce qui était, voici seulement 50 ans, le privilège des riches. Chacun a « tout », mais il travaille pour la banque et, les américains ayant donné un exemple que le reste de l’humanité suit avec un retard de 20 ans, les foyers des pays « avancés » ont une dette égale, ou un peu supérieure, à leur patrimoine.
Dans ce tourbillon absurde, l’Homme, après avoir épuisé ses ressources en matière de recherche de sens à une vie qui ne peut en avoir, se tourne (ou retourne) vers les idées d’où le sens (la logique) est assez absent : les religions et sectes, par exemple. Ce qui peut difficilement être porteur de solutions, sinon absurdes. Mais presque toujours porteur de violence.
L’humanité n’a qu’une seule vraie solution : devenir « humaine », enfin. Utiliser, pour les migrations, après avoir aboli les frontières, une boussole folle : que les gens du Nord migrent vers le Sud et vice-versa, ceux de l’Est vers l’Ouest et le contraire. Pour sept milliards et demi d’humains, la Terre est encore un désert, qui pourrait en nourrir le triple. Cette photo de la Terre la nuit le montre clairement. 80% de l’humanité vit dans les zones éclairées. Voyez vous-mêmes !
Une vraie liberté de mouvement et un contrôle des naissances pourraient sans doute redonner un espoir de pérennité à une espèce, qui, en l’état, ne peut aller que vers des conflits inter civilisationnels qui l’anéantiraient. Les sous-continents (il ne s’agit plus de pays) pauvres ne vont plus longtemps regarder le monde « riche » s’étouffant de ses excès, pendant qu’ils voient leurs enfants mourir de faim.
Les technologies salvatrices, comme l’énergie solaire, le dessalage de l’eau de mer, l’énergie hydrolienne, etc. appliquées aux zones désertiques aujourd’hui, ou en cours de désertification, pourraient redonner des « eldorados » à conquérir à de nombreuses générations.
Les peuples heureux ne font pas la guerre. Ils « cultivent leur jardin ».