La glorieuse « incertitude » du sport.

Le 29 juin, un huitième de finale de « l’euro » de football oppose la Suisse à la France. Un match techniquement intéressant, qui, après prolongation et « tirs-au-but » se conclut par la victoire de la Suisse sur les champions du monde en titre, l’Equipe de France. Bon. Jusque-là, rien qu’un match comme des milliers d’autres où le favori est battu.

Mais les commentateurs sportifs – et d’autres qui le sont moins – parlent le lendemain « d’humiliation ». Cà, c’est une vraie défaite pour le sport.

La Grèce Ancienne a favorisé le sport pour louer l’excellence physique, mais aussi, dans une certaine mesure comme substitut à la guerre. Le vocabulaire ne trompe pas : on parle dans les sports d’équipe de stratégie, d’attaque, de défense, de vainqueur et de vaincus. Les jeux olympiques, par exemple, se déroulaient lors de trêves sacrées que personne n’aurait eu l’idée de violer, entre des équipes de nations en guerre hier et qui reprendraient les hostilité le lendemain ; l’une des règles fondatrices, cependant, était le respect de l’adversaire.

Dans le sport d’équipe, logique oblige, il y a toujours un gagnant et un perdant. Si l’on suit ces commentateurs indélicats, chaque partie de chaque sport dans le monde se terminerait par l’humiliation d’un des deux camps.

« Humiliation : Sentiment de quelqu’un qui est humilié, atteint dans sa fierté, sa dignité (…) Sentiment de honte qui résulte de telle cause : L’humiliation de la défaite. Acte, situation qui humilie, blesse l’amour-propre : Essuyer une humiliation. » (Larousse)

Si le sport doit générer de tels effets, il n’est plus le substitut à la guerre, mais son prélude.

Bien sûr, il faut certainement nuancer ces propos quand on considère que ces parties de haut niveau concernent des sportifs millionnaires dont les performances sont les jauges de leur succès professionnel et social et que l’identification des masses à leurs idoles place celles-ci très loin hors des idéaux sportifs d’amélioration de l’Homme par l’effort désintéressé.

Mais il est vrai que quand on assiste à ces matches  où les joueurs se roulent par terre pour obtenir un « coup franc » alors que leur opposant ne les a pas touchés, obtenant ainsi un avantage volé – et cela arrive souvent (41 fois dans le dernier match que j’ai vu et au cours duquel j’ai eu la patience de les compter) – on a honte pour eux, stars adulées par les jeunes qui les imitent d’ailleurs dans leurs simulacres malhonnêtes, on cherche vainement l’esprit olympique

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