Passer d’être un idéal de beauté inspirant l’amour fou, même à Apollon, à devenir une plante aromatique pour ragoût – le laurier – c’est vraiment manquer de jugement. Comme beaucoup de militantes féministes. (*)
Vouloir s’égaler à quelqu’un qui n’est pas soi-même est déjà une cause perdue d’avance. Non seulement on y perd son identité, mais on conforte l’adversaire dans sa conviction qu’il est bien le meilleur, le modèle à atteindre. Confortable position s’il en fût.
Cette égalité écartée, reste l’égalité des droits. Mais en France, cette égalité est théoriquement déjà acquise, dans la lettre sinon dans le fond ou ses applications. Et pour que ces acquisitions à la cause des femmes entrent dans les faits, il faudra du temps, qui serait mieux employé en actions intelligentes qu’en vitupérations stériles.
Une première réalité s’impose : les femmes, en tous cas la plupart, veulent être belles, séduire. Or, si la séduction est impérieuse par ses résultats – elle enchaîne le vaincu, l’infantilise, le soumet – elle est aussi une invite, une proposition : la femme qui veut séduire s’offre au jugement de l’homme. Ce faisant, elle accepte ce jugement, s’y soumet, ou la tentative de séduction n’a pas de sens. Elle est, pour fonctionner, un Cheval de Troyes. La séduction, pour que la femme conserve sa dignité, est donc une ruse, instituée par la première d’entre elle selon les Ecritures : Eve.
Dans ces jeux, souvent compliqués et déterminants pour la vie, personne ne parle d’égalité.
C’est quand ce couple harmonieux devient une paire d’individus du monde socio-professionnel que les choses se « nuancent ». Et c’est là qu’historiquement se fait sentir l’absolue nécessité de changement, si l’on veut éviter une véritable guerre des sexes, à l’issue plus qu’incertaine.
En théorie, simplifiée, ce serait l’Homme que serait l’agresseur et la Femme la victime. Comme la force physique – en tous cas dans nos sociétés occidentales – n’est plus le facteur déterminant, globalement en tous cas, restent les composants des « armes » de chaque partie.
Et c’est là que doit s’exiger l’égalité. Patriarcat contre – ou face – au matriarcat, accès à la culture, à la formation, à l’égalité des droits, en somme. Les Droits de l’Homme, tels qu’ils sont formulés, parlent de l’être humain – des deux sexes – et il suffit donc de les appliquer, sans restriction de genre.
Jusqu’à maintenant, la majorité des femmes accédaient au pouvoir ou à la richesse qu’à travers les hommes. Aujourd’hui, les femmes ont les mêmes outils que les hommes et sont même plus nombreuses dans de nombreuses disciplines universitaires.
C’est au passage dans la « vraie vie », sociale, professionnelle ou politique que l’égalité de résultats n’est plus arithmétiquement conforme entre les genres.
Seuls 14 % des postes de direction sont occupés par des femmes. Le taux de femmes dans ces postes n’a progressé que d’1,2 point en 10 ans en France, selon une étude CSA-KPMG.
Dans 80% des cas, le parent seul des familles monoparentales est une femme.
30% des créateurs d’entreprises seulement sont des femmes.
40% des cadres en France métropolitaine sont des femmes.
Selon des études trop nombreuses pour êtres suspectes, les filles ont des résultats scolaires et universitaires meilleurs que les garçons et les résultats des recherches sérieuses sur les raisons de cet état de choses sont clairement en relation avec le niveau culturel du milieu familial, les coutumes ethniques et les stéréotypes garçon-fille de l’enfance.
Comme on retrouve, dans la littérature universelle de tous les temps, les mêmes topiques psychologiques, il est à craindre que les solutions vers l’égalité ne soient pas à chercher dans une improbable réforme de ces topiques insensibles aux tentatives de « passage en force » vers une nouvelle raison, quand les éléments constitutifs de la vie n’ont aucune chance de changer.
La relation entre les sexes, tant qu’elle aura comme moteur principal la pérennité de l’espèce, elle restera d’abord basée sur la capacité de séduction de la femme et l’attrait des hommes quant à leur puissance physique et immunologique. Les caractéristiques des deux genres ne sont pas des choses dépendantes de la volonté humaine.
Peut-être qu’à force de mutations, dans quelques millions d’années…
(*) Daphnée, femme de la mythologie grecque d’une beauté parfaite, transformée en laurier pour échapper aux harcèlements d’Appolon. Elle serait à l’origine des lauriers des vainqueurs, aux Jeux Olympiques d’alors et jusqu’à nos jours.