Sans doute par souci d’éviter les embouteillages de campagne électorale, le Président Macron a eu la courtoisie de faire la sienne très tôt, peut-être aidé dans sa décision par sa présidence du Conseil des Ministres européens ces six premiers mois de l’année. Mais finalement, à quelque chose malheur est bon : être seul en piste pour une logique de concours, cela aide au classement.
Le voici donc sur les routes de France, distribuant les milliards comme les personnages de Carnaval distribuent des bonbons aux enfants de la République. Quand on sait à quoi ont « droit » les autres candidats, arroser les villes de milliards n’est pas vraiment un désavantage.
De plus, ce généreux donateur de l’argent public n’est pas encore candidat à sa propre succession ; il déclarera cette ambition en février, dit-on. Cela cloue le bec des médisants qui insinuent que nos impôts paient, sans compter, la popularité du futur candidat.
On a poursuivi en justice des ex-présidents ou des concurrents gênants pour des dépassements-cacahouètes de comptes de campagne, alors qu’il suffisait de demander au Ministre des Finances qu’il vous prête son chéquier pour quelques semaines.
Soyons honnêtes – il faut bien que quelqu’un le soit – les milliards distribués le sont pour de bonnes causes, mais quand le pays traverse une épidémie sans précédent dans l’Histoire, quelque menue monnaie pourrait aller aux personnels des hôpitaux ou aux équipements adaptés de ces derniers, plutôt qu’à des installations sportives, ou à la rénovation de jardins publics, ou encore à des îlots exotiques, en périphérie de grandes villes, tellement exotiques qu’on n’y entre pas sans contrôle d’identité, comme dans les paradis des mers du Sud.
On ne peut cependant pas critiquer tout et son contraire : cette fois, le Président a agi, pas réagi. On ne stigmatise pas le bon élève qui s’astreint à faire ses devoirs en ratissant large pour être sûr de ne pas passer « à côté » d’un sujet qui pourrait bien être celui de l’examen.
Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ébahi.