Le règne de l’animation, supposé nous faire mieux appréhender des concepts dynamiques, échange une ignorance contre une autre, mais celle-ci plus dangereuse car inductrice d’une tendance extrême opposée.
Le calcul montre que les courants ainsi animés, s’ils représentaient la réalité, se déplaceraient à des vitesses de l’ordre du million de kilomètres à l’heure.
Comme la mention « vitesse multipliée 20.000 fois » n’est pas portée sur la carte, le spectateur reste avec le sentiment d’une atmosphère tourbillonnante catastrophique.
Là, on peut sourire.
Moins bénignes, des simplifications dans le domaine scientifiques.
Exemples : le principe d’Archimède, selon lequel un corps plongé dans un liquide reçoit une poussée « de bas en haut »,… stop ! Une telle poussée n’existe pas. Un corps plongé dans un liquide reçoit une pression sur toutes les parties de sa surface, proportionnelle à son immersion : la pression augmentera comme la profondeur. Et le corps s’immergera au fond si sa densité est supérieure à celle du liquide, il « nagera » entre deux eaux si les densités du corps et du liquide sont égales et il flottera si sa densité est inférieure à celle du liquide. Il n’y a là-dedans aucune poussée de bas en haut. Seulement l’effet de la gravité.
Second exemple : la Lune fait un tour sur elle-même dans le même temps qu’elle fait un tour de la Terre. De plus, elle serait reliée à la Terre par une sorte de cordon ombilical gravitationnel. Depuis l’avènement de la relativité, on sait qu’un corps grave (la Terre dans cet exemple) courbe l’espace autour de lui. La lune parcourt son orbite en allant droit devant elle, sans tourner sur elle-même, dans cet espace courbe, comme un train qui roulerait sur une voie circulaire, ce qui ne suppose pas qu’il fasse à un moment un saut de carpe pour tourner sur lui-même ! D’ailleurs, une autre preuve que la Lune ne tourne pas sur elle-même est le fait qu’on en voit un peu plus que la moitié, car elle est animée d’un mouvement oscillant – la libration – qui n’existerait pas si elle était en rotation, sauf à ce que sa rotation s’arrêterait pour un petit voyage en arrière de temps en temps ! Quant à l’explication donnée par l’enseignement public : « vous voyez bien que, quand elle parcourt son orbite, sa face est successivement orientée vers tous les azimuts », elle n’a que le mérite de l’imagination de celui qui l’a trouvée. Ou alors, tout dans l’univers tourne sur soi-même, ce qui étend la sottise un peu loin quand on prétend donner à des enfants une image raisonnablement cohérente du monde.
Chercher à imager l’information est une excellente démarche pédagogique si l’image donnée ne trahit pas, par commodité, la vérité. Ces « glissements » remplacent des certitudes erronées par d’autres, plus assimilables encore du fait des moyens spectaculaires que le numérique permet.