Le changement

Ce dernier siècle est, si on en croit la rumeur des foules, celui du changement. En arts, en littérature, en technologie, en sociologie, en politique, on parle, on veut, on exige le changement.

Le changement comme nouveau monde à explorer, pas toujours comme un progrès.

L’humanité, à l’instar de la gravitation universelle, trouve son équilibre dans celui des forces qui agissent sur elles.

A l’enfant qui demande pourquoi la lune ne tombe pas, comme tout sur Terre, on ne peut que répondre qu’elle ne saurait pas vers où tomber, car elle est une part d’un système en équilibre fait d’attraction, de masse et de vitesse, qui dépasse, de loin tout ce que l’on voit dans le ciel.

Changer, l’humanité ne peut donc que le faire globalement, ou elle n’y arrivera pas. Mais à la différence des planètes, ses attractions sont déséquilibrantes. Elles sont l’égoïsme, la peur, l’envie, qui rompent les liens interhumains.

Le monde de production et de consommation ne sera satisfait que quand tout le monde aura tout, du plus fondamental au plus futile, jusqu’au dernier recoin de la planète. Or, il semblerait que la division « pays riches-pays pauvres » aille s’accentuant, grâce à ce merveilleux outil déculpabilisant qu’est l’indifférence.

Chez l’individu, la perception de besoin en changement est aussi présente, mais fonction de ses sentiments. On cherche un changement dans les champs qui pourraient amoindrir les angoisses existentielles, depuis celles que génèrent la relation à soi, à l’autre, jusqu’à celle de la mort. Là intervient souvent la volonté, tellement à la mode, de « travail sur soi ».

certaines choses ne changent jamais

Certaines choses ne changent jamais, dit-on…

Deux obstacles de taille : d’abord on ne peut travailler que sur une faille dont on a conscience et si on en a conscience, ce n’est peut-être pas la faille la plus encombrante. Ensuite et surtout, on ne peut progresser qu’en le faisant globalement. On ne peut pas rendre une table plus haute en allongeant un de ses pieds. Le travail sur soi ne peut qu’être holistique. C’est dire que les choix de priorités doivent concerner l’ensemble de l’être, que les domaines plus spécifiques ne doivent être concernés qu’après que le foncier soit amélioré.

On ne risque pas beaucoup l’erreur en considérant comme foncier ce qui l’est biologiquement, dans l’ordre : l’être physique, mental, sentimental, intellectuel, spirituel, pour ce qui regarde l’individu, puis comment tout cela peut être projeté vers l’autre en utilisant comme outils de liaison « l’amour et le respect », en essayant de faire de ce couple un pléonasme.

Il suffirait que l’Homme utilise cet outil si naturellement basique : le sens du bien et du mal, si facilement dévoyé en bien qu’on se veut et mal qu’on s’évite, quel qu’en soit le prix, pour soi et pour les autres.

Le sens du bien et du mal est, pour soi et pour l’humanité, le premier brin d’un fil d’Ariane, qui ne se terminerait pas, comme dans le mythe, par une trahison. C’est certainement pourquoi la Nature en a fait un instinct, excluant le calcul.

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