Vous avez dit « la vie » ?

S’il parait raisonnable de considérer le bonheur comme la capacité de s’accommoder de ce que l’on a, sans regret ni remord, on aurait certainement tort de demander à la vie plus qu’elle ne peut donner. Quoi que l’on prétende, elle ne nous doit rien.

Le problème existentiel est que la vie n’est pas un tamis au même maillage pour tous et ce qu’elle a à filtrer est un fatras hétéroclite qui est rarement prétrié par les vivants qui avancent comme des bœufs de labour dans leur sillon, sans la moindre idée de ce qu’est le semis, la moisson, la farine et le pain.

La vie, dont on s’accorde à dire qu’elle n’a comme sens que la vie elle-même, et rien d’autre, ne saurait être un guide et encore moins une aide, du fait que cette dotation individuelle se tricote en la vivant, selon le constat de A. Machado : « el camino se hace caminando ».

D’où la démarche à l’aveugle de tout ce qui respire sur un chemin dont les reliefs sont autant d’interrogations, qui deviennent des expériences sensées aguerrir l’être par ses peurs successives, sans preuve que chaque obstacle franchi soit d’un quelconque bénéfice pour aborder le suivant.

Dans un tel contexte, le bonheur ne peut être que l’absence de malheur, et pas une surprime hypothétique pour un mérite plus hypothétique encore. Quant au malheur, il n’est pas le contraire du bonheur, bien que ce dernier soit l’aune pour l’apprécier.

Dans cet esprit, la mort, pour son aspect définitif est un excellent repère. Comme anticipation, elle suppose une prise de conscience pour l’action en proposant à cette dernière un ultimatum : c’est maintenant ou jamais. Et comme fatalité elle pose à l’Homme l’impossibilité d’éluder. Notre mort n’est pas devant, mais derrière nous, en s’appropriant chaque instant vécu : d’où la possibilité de nous faire une belle mort en nous faisant une belle vie.

« Vis comme si tu devais mourir demain, aime et apprends comme si tu ne devais jamais mourir ».

Une réflexion au sujet de « Vous avez dit « la vie » ? »

  1. je trouve que  » notre mort n’est pas devant mais derrière nous, etc. » est une idée très inspirante!

    merci

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