Un conseil : n’en donnons pas trop !

Le conseil est un exercice périlleux pour celui qui le demande comme pour celui qui le donne.

On ne demande conseil que quand nos compétences sur un sujet quelconque sont en défaut.

Il est donc recommandable de choisir judicieusement le conseilleur tout en nous assurant que nous ne faisons pas de confusion entre une demande de conseil et la satisfaction de notre envie de partager notre problème. Que quelqu’un écoute avec compassion ne signifie pas forcément que son opinion sur le problème aura de la valeur. On écoute cependant plus facilement les « compatissants » que les « critiques ». Ce sont souvent ces deniers qui seraient le plus utiles.

donner un conseilLa manière de formuler une demande de conseil est déterminante pour un résultat adéquat. Assurons-nous, avant de soumettre le problème que tous les éléments constitutifs de la situation embarrassante soient bien présents, en tous cas suffisants – en profondeur – pour recevoir éventuellement un conseil au même niveau. Une telle analyse conduit d’ailleurs souvent à l’éclaircissement de la situation qui rend le conseil inutile.

Le plus souvent, un conseil qui aura été fructueux connote le conseilleur comme utile et l’institutionnalisera comme tel, créant une sorte de dépendance du demandeur, qui est parfois fondatrice de ces amitiés de type « parent-enfant » ou « maître-disciple ». Dans ce cas, le conseil se transforme progressivement en enseignement : partage de l’expérience ou du savoir.

Les conseillers professionnels tirent leur domination du demandeur de leur compétences avérées. On discute rarement les conseils d’un médecin, d’un expert-comptable conseiller fiscal ou d’un mécanicien avant d’entreprendre un long voyage. Mais cette relation est évidemment très différente du conseil amical, lui basé sur « l’ensemble » de la personne et non seulement sur ses capacités techniques, ce qui renvoie vers le conseil « compatissant » ou « critique » évoqué plus haut.

Donner un conseil n’est pas seulement opiner sur un problème. Celui qui accepte de le faire accepte aussi la part de responsabilité, proportionnelle à la confiance du demandeur. Le conseil d’une mère à son fils n’est pas perçu comme celui de son institutrice ou même de son père. Là intervient cette rencontre souvent invoquée en médecine, d’une confiance et d’une conscience. La cote de confiance qu’implique l’amitié ou l’amour, par rapport au conseil professionnel fait passer le sentiment du conseilleur de l’empathie à la compassion (co-passion : souffrir avec). Le conseil alors engage.

Peut-être ne devrions-nous accepter le rôle de conseilleur que prudemment (d’une prudence pour l’autre) et, sauf cas de danger grave, que quand on nous sollicite explicitement. Un conseil qui n’a pas été demandé est souvent ressenti, avec raison, comme de la manipulation, consciente ou non. Au minimum, mais un minimum peu agréable, comme une immixtion.

Le doute et l’humilité devraient présider ces moments de la relation humaine.

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