Les agriculteurs représentent aujourd’hui en France environ 3.5 % de la population active. Ces gens qui se lèvent avant le Soleil et se couchent quand… le travail est fini, nourrissent 100 % de la population globale, dont ils ne représentent en fait que 1.2 %.
Et nous les traitons de telle manière que nombre d’entre eux ne voient d’autre issue à leurs difficultés que le suicide.
Les gens bien informés vous dirons comme tout cela est compliqué et que les répartitions entre les exploitations agricoles, les industries de transformation et la grande distribution posent des problèmes quasi insolubles et que, malgré toutes les bonnes volontés et les négociations sans fin, les choses n’avancent guère. Bon.
En réalité, chacun tire la couverture à soi et la grande distribution, dans la seule logique de concurrence repose sur les prix doit trouver ses profits à l’achat et mettent en assistance respiratoire les industries de transformation et étranglent carrément les producteurs agricoles.
Au lieu de signer des accords bancals pour obtenir, de haute lutte, une augmentation du prix de leurs produits – de la moitié de ce qu’il faudrait pour être équitable – les agriculteurs devraient s’inspirer des guildes du passé.
Ces guildes n’avaient rien à voir avec les syndicats actuels, qui sont une autre face du monde politique, mais des associations de compagnonnage solidaire, qui tenaient leur force de leur cohésion. La guilde parlait d’une voix et elle était entendue car elle avait, par sa détermination, un pouvoir de rétorsion quand ses intérêts étaient lésés.
Quand moins de 2% des agriculteurs nourrissent la France, et que les grandes surfaces n’ont de morale que celle d’un capital débridé, on peut s’interroger sur les conséquences qu’aurait la décision d’une guilde des agriculteurs-éleveurs de ne plus fournir leurs produits (directement ou indirectement par les industries de transformation) au monde de la grande distribution.
Les agriculteurs-éleveurs ne risqueraient pas de mourir de faim, puisqu’ils sont source de toutes denrées et les échanges fraternels entre eux combleraient les effets de leur spécialisation. Le peuple ne peut qu’être du côté des agriculteurs et la grande distribution n’aurait d’autre solution que d’aller vers des méthodes plus équitables. Peut-être même les commerces de proximités retrouveraient-ils une vitalité bienvenue et deviendraient ainsi, à leur tour, une menace pour le monde assez inhumain des grandes surfaces ?