C’est un heureux hasard, pour la perpétuation de l’espèce, que les hommes et les femmes soient sexuellement compatibles pour la reproduction, car c’est à peu près tout ce qu’ils ont en commun.
Mais cette compatibilité est aussi ce qui règle tous leurs rapports. Pour que ça marche, il faut que les femmes séduisent et que les hommes succombent. Ceux-ci succombent la plupart du temps volontiers, mais celles-là, qui exercent leur séduction sur tous ne souhaitent récolter que la fine fleur.
Ce qui, au bout du compte, produit neuf frustrés pour un satisfait. Mais comme le nombre d’individus pour chacune des espèces est à peu près égal, il existe un sourd ressentiment de masse qui n’est pas près de s’éteindre. Et les neuf sur dix frustrés de ne pas avoir pour compagne Miss Univers, s’accommodent de celles qui ne sont vraiment pas Miss Univers.
Dans l’absolu – et peut-être dans un futur lointain – les femmes pourraient se passer des hommes. L’insémination artificielle fonctionne bien et va s’améliorant. 1,5 à 4,5 ml de sperme (1/2 à 1 cuillère à café) sont la norme pour une éjaculation, contenant en moyenne 15 millions de spermatozoïdes par millilitre. C’est dire qu’une éjaculation moyenne contient environ cinquante millions de spermatozoïdes, soit à raison d’un d’entre eux par fécondation, dans un monde où les techniques seraient perfectionnées, la possibilité de cinquante millions de naissances.
Dans ce monde-là, une seule éjaculation pourrait contenir de quoi peupler un pays comme la France. En éliminant les fœtus masculins, qu’on saura alors détecter beaucoup plus tôt qu’actuellement, il suffirait d’une dizaine de mâles par siècle pour maintenir une population mondiale féminine stable.
Bien sûr, pour ces gens-là, ce ne serait pas très drôle non plus et, bien entendu, cela ne se fera probablement jamais (?). Ce qui précède souligne seulement cette inégalité devant la nature. Les femmes comme espèce pourraient survivre seules, les hommes, non !
Mais pour l’instant – revenons aux réalités – les femmes séduisent et les hommes succombent, au moins dans la plupart des civilisations. Et c’est heureux, pour les femmes qui n’ont accès au pouvoir et à l’argent (ce n’est pas toujours synonyme), qu’à travers les hommes, qui sont encore et pour pas mal de temps, aux commandes du monde politique, économique et social. Les hommes essaient de séduire les femmes pour leur plaisir. Les femmes séduisent aussi pour leur plaisir, mais encore pour satisfaire leurs ambitions.
Mais les choses avancent : dans la plupart des ménages, les hommes n’en « mènent pas large » dans le domaine de l’autorité. Il y a maintenant, dans les pays « développés », plus d’étudiantes que d’étudiants dans les universités. Et dans beaucoup de disciplines avec de meilleurs résultats.

Scène culte de la séduction dans « Pulp Fiction », par Quentin Tarantino
Mais cette histoire des « femmes qui séduisent et des hommes qui succombent » a deux inconvénients majeurs, un pour chaque espèce : la sensation, pour la femme, de se sentir, consciemment ou non, condamnée à être quelque chose entre le papier attrape-mouche (phase d’approche) et une sorte de « penis captivus » mental, obligé à rester opératif si elle ne veut pas que sa conquête aille ailleurs. Pour l’homme, qui, à partir du moment où il accepte la séduction (le plus souvent inconsciemment), il entre dans cet enfer de contradiction que constitue son désir de conquête permanente et la nécessité d’avoir l’air fidèle, avec toutes les complications que suppose cet exercice.
Le siècle, par son évolution des mœurs, a encore compliqué les choses, dans les pays dits « avancés », du fait de la libération de la femme, qui ne se contente plus de domestiquer l’heureux élu, mais qui l’imite dans ce qu’il a de moins noble : être l’homme d’une femme trompée.
Les femmes du XXI° siècle choisissent leurs partenaires comme le faisaient jusqu’alors les hommes et entreprennent les manœuvres de séduction traditionnelles (pour l’homme), avec les mêmes résultats.
Cette concurrence déloyale instaure des jeux, qui, si dans la morale d’antan sont peu glorieux, au niveau de la « rigolade » sont très productifs, mais aussi assez « désillusionnants ». Les unions se stabilisent – quelques fois même par le mariage – entre trente et quarante ans, sous la menace de se voir démonétisés par l’âge et ses effets sur l’apparence et la consistance des chairs.
Le résultat, sur l’espèce, d’enfants conçus tard ne qu’être délétère et la tendance ne faisant que s’accentuer, il est à craindre que les pays « avancés » aillent vers des sociétés plus fragiles, moins intelligentes, qui seront les proies faciles de populations jeunes, génétiquement plus résistantes, à l’immunologie plus active.
Alors pourquoi les petites filles sautillent-elles en marchant, images vivantes du bonheur insouciant ? Parce que les petits garçons avec lesquels elles jouent ne les voient encore que comme de futures mamans.