La structure télévisuelle LCI annonce, assez souvent, en bandeau sous-titres cette invraisemblable proposition :
… et si on pensait l’actualité pour vous ?…
Peut-on être plus ouvertement infantilisant et méprisant pour les téléspectateurs que de leur proposer de « penser » pour eux ?
Ces « maîtres » à penser n’ont aucun doute sur le fait qu’ils sont ceux qui peuvent faire œuvre utile car ils savent penser et nous, téléspectateurs, ovins qui s’accommodent de ce qu’on veut bien leur jeter, qui n‘ont d’existence que comme récepteurs.
Comment une chaîne de télé peut-elle, sans être atomisée par sa propre stupidité, faire une telle proposition ? On nous demande, explicitement, notre accord pour asservir nos cerveaux aux dogmes que les dirigeants de cet organe d’information d’un nouveau genre voudront bien édicter.
George Orwell a essayé, avec quelque succès, de mettre en garde contre les manœuvres d’intériorisation des régimes totalitaires envers des masses soumises, par des injonctions ou des lois scélérates, menant vers un état où l’être est domestiqué par les carcans les plus puissants et définitifs : ceux qu’il s’est lui-même imposé.
Ainsi, la proposition de LCI de penser pour nous l’actualité est le premier pas d’un mécanisme élémentaire : si, par paresse ou innocence le téléspectateur répondait positivement, on lui servirait régulièrement des situations, concepts, aphorismes domestiquants, selon l’idéologie de… ?
La ficelle est trop grosse pour être vraie et la question princeps est de savoir quelle intention sous-tend cette invraisemblable proposition. L’éventail est large, depuis l’abrutissement volontaire des masses, pour les complotistes, jusqu’à la « bonne foi » dans la certitude que le peuple est trop stupide pour lui livrer les informations importantes sans interprétation magistrale préalable. Dans le premier cas, le peuple est un mouton sacrifié, dans le second un mouton « seulement » décérébré.
Merci LCI : nous, disciples de Panurge, avons décidé de ne pas monter très haut, peut-être, mais par nos propres moyens, tel Cyrano de Bergerac dans la tirade des « non merci !»
En ce moment, où le conflit entre la Palestine et Israël est si aigu, se détachent clairement des débats télévisés les opinions/sensibilités qui se veulent éclairantes pour nous. Mais si on va sur la chaîne arabe Al Jazeera, ils nous éclairent bien différemment. A nous d’y réfléchir, en effet.