La vérité est un absolu.
S’il était possible d’appréhender tous les domaines de la connaissance par une pensée universelle, tout autre commentaire serait inutile.
Dès lors qu’une telle capacité est utopique, les commentaires sur la vérité ouvrent un champ infini – autre absolu – et y ajouter toutes les inférences dépasse l’imagination.
Mais, modestement, il est possible d’en avoir un effluve en évoquant quelques champs de la connaissance – ou du sentiment – qui, par l’échec-même de leur approche en laisse entrevoir le caractère inatteignable.
Vérité et réalité.
La réalité d’un fait est attestée par son constat, son appréhension par les sens, ou, comme dans le domaine scientifique, par les mesures, le calcul, les analyses chimiques, spectrales, radioactives, etc., mais la réalité scientifique d’un fait trouve ses limites dans l’état de la science, qui, elle, n’est pas un absolu et qui évolue avec le siècle. La plupart des connaissances considérées comme fondamentales dans l’Histoire sont devenues des cas particuliers de connaissances postérieures plus larges. C’est la nature-même de la noblesse de la science que d’être perpétuellement évolutive.
Vérité et inférence.
Le commentaire ci-dessus condamne l’inférence, du fait qu’elle découle d’un fait scientifiquement avéré et qui en porte donc les caractéristiques, les enrichissements et les tares.
Vérité par production.
Considérer qu’un fait, une idée ou un processus est vrai parce qu’il produit des effets attendus n’est pas recevable, car personne ne peut présumer des facteurs interférents dans tout process à l’insu de l’expérimentateur. Même les scientifiques les plus prestigieux acceptent que les démonstrations de leurs hypothèses n’en fassent pas des vérités. Quand une théorie relativiste se démontre, comme la courbure des rayons lumineux (relativité), elle ne démontre pas que cet effet n’est dû qu’à la réalité de cette hypothèse, dans l’état actuel de la science.
Vérité par conviction.
Ce concept ne mérite que quelques mots. L’accepter serait du même ordre que d’accepter les effets de la transcendance, ou d’un dogme. Cela rejoindrait l’apparentement de la vérité à la sincérité, qui la réduirait au niveau de la croyance.
Vérité comme contraire de fausseté.
Ce concept tombe par son corollaire qui conduirait à dire qu’une chose qui n’est pas fausse est une vérité, mais il existe de nombreuses façons pour une chose d’être fausse ou de ne l’être pas, alors qu’il ne peut exister qu’une vérité, sauf dans sa propre description, dans le cas d’une vérité polyfacétique.
Du fait-même que la vérité est un absolu la rend sémantiquement réfractaire à toute association, même avec ou contre un autre absolu, bien que plusieurs absolus – pour l’entendement humain – puissent cohabiter harmonieusement, tels le temps, l’espace, l’Ignorance.
De la vérité qui concerne chacun, comme arbitre du vrai et du faux, peut-être doit-on la considérer avec méfiance pour être un très complexe produit de subjectivité – dans le sens psychologique du terme – de culture, d’expérience de vie, d’épuration mentale quand elle sert d’arme dialectique en lieu d’argument raisonnable, quand, de fait elle se laisse distordre à notre avantage par des subtilités rhétoriques qui la prive de …vérité.
La vérité ne peut être le fruit d’un cocktail destiné à avoir « raison »au détriment de l’honnêteté intellectuelle et, de fait, quand elle s’égare, ce n’est jamais par erreur, mais par calcul plus ou moins conscient, ce dernier échappant même à l’objectivité, principal outil de sa mise en évidence.
Quand la vérité n’est plus qu’une opinion, elle perd sa prétention à l’universalité, mais elle garde sa valeur subjective : l’individu change d’opinion, donc de vérité au gré des son expérience de vie.
Rien de collectif ne peut être construit sur cette vérité-là. Ce qui réduit son intérêt au moment où elle est édictée.