Cette devise, fille de la Révolution Française, reflète bien cet état de guerre sociale visant à ne pas faire que ce qu’on nous ordonne, ne plus avoir comme nourriture que les déchets qui tombent des tables des riches et une fraternité de nécessité, car on ne change pas le monde tout seul.
Aujourd’hui, 230 ans plus tard, démographie aidant, on encadre la liberté de tant de lois, décrets, arrêtés, règlements que la seule liberté qui reste consiste à mesurer sa liberté à l’aune de celle des institutions et des autres citoyens, car, bien sûr, les libertés souhaitées par tous ne coïncident jamais. Ne sont libres (et…encore) que ceux qui sont craints ou ceux qui disposent du pouvoir, pendant les quelques heures qui suivent leur élection. Dès le lendemain ils constatent qu’ils ne sont libres que de faire ce qu’on attend d’eux.
L’égalité, dangereux paradigme dans un monde qui se veut libre, car l’égalité ne peut exister que dans un monde de robots, égaux par nature. Dans un monde de parfaite égalité disparaitraient l’originalité des idées, la notion de mérite, celle d’effort, d’ambition, d’excellence etc… un désastre pour l’expression du génie humain. Certaines philosophies sociales ont tenté ce chemin où les contraintes légales et réglementaires augmentent et où l’Homme disparait.
Quant à la fraternité elle devient un spectacle rare, car il est déjà assez difficile d’être un bon père, une bonne mère et le médiocre membre d’une fratrie, pour secréter de la fraternité idéale. On ne choisit déjà pas sa famille, avec les conséquences que cela suppose. Difficile d’imaginer la fraternité comme principe. Combien de personnes rencontrons-nous dans la vie dont nous souhaiterions qu’ils fussent nos frères ? Trois ? Quatre ? Alors, la fraternité comme règle de vie d’un peuple… heu…
Liberté, Egalité, Fraternité.
Des idéaux inatteignables ne sont d’aucune utilité. Tout ce qui est excessif est insignifiant dit la sagesse populaire et si cette devise a pu voir le jour, c’est qu’au moment de la révolution, quand cette devise est née, on mourrait pour des idées. Déjà, quand la deuxième république l’a reprise et officialisée en 1848, elle faisait figure de vœu pieux. En 1879, la troisième république l’affiche sur tous les monuments et édifices de la République et elle s’y ennuie depuis lors.
Une devise plus modeste aurait plus de chance d’être le reflet des ambitions humanistes d’un peuple et, à les réaliser, ce peuple augmenterait son auto-estime.
Je verrais bien, comme devise :
Respect, respect et respect.
Le Respect, par définition librement consenti, pour les institutions.
Le respect pour ceux qui réussissent moins bien quelle qu’en soit la raison et pour ceux qui réussissent mieux, quand cette réussite est acquise honnêtement.
Le respect, compassion et aide à l’autre, souci véritable du bien commun.