Le fantôme républicain

L’article 2 de la Constitution pose :

« …le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Comme autorité suprême, donc.

Mais qui est, ou plutôt qu’est ce peuple souverain ? Un fantôme, une idée, un concept, une foule anonyme qui, de fait n’a rien à dire et encore moins à décider.

Et le vote, direz-vous ?

Le pays est gouverné par des politiciens professionnels parmi lesquels chacun choisit celui qui lui paraît le moins mauvais et on rebat les cartes chaque période de cinq ans et chacun retourne à ses affaires.

Les politiciens à leurs jeux et les citoyens à leur travail.

Quant au vrai « pouvoir suprême », il est détenu par un autre élu, premier fonctionnaire de la République, qui a plus de pouvoir que n’en avaient réellement les rois d’Ancien Régime. Elu pour 5 ans, au plus pour deux mandats, il n’a de compte à rendre à personne et ne se prive pas de ce privilège. Et quand il feint de le faire, la partie majeure du brouet qu’il sert n’est destiné qu’à poser les briques de sa réélection, lors du premier mandat et lors de l’éventuel second, l’affermissement de son parti afin que le pouvoir ne change pas de mains idéologiques.

Une éminence grise de la cinquième République disait naguère en parlant de l’action souhaitable du nouveau président élu : « ce qu’il ne fera pas dans les trois premiers mois ne sera jamais fait ».

Quand on sait les tombereaux de projets promis lors des campagnes électorales, on constate le divorce définitif entre les promesses et les actes. L’actuel président avait fait de « la réforme des retraites » un de ses projets électoraux phare. A six mois de la fin de son mandat, il fait dire que « les conditions ne sont pas favorables à cette réforme pour l’instant et comme rien d’autre ne se fera jusqu’à l’élection…hop ! on passe la main. Enfin d’une main à l’autre !

Le Peuple souverain attendra. Tout ce qu’on lui demande maintenant, c’est d’approuver ce qui n’a pas été fait ces derniers quatre ans et demi et de préparer le bon bulletin à mettre dans l’urne dans six mois.

En fait, il suffirait de mandats d’un an. Les premiers six mois pour faire ce qui peut se faire dans ce délai et les six derniers pour la campagne électorale.

En lisant ce court résumé, on croirait qu’une pièce essentielle du système a été oublié : les représentants du Peuple ! Là, c’est encore plus simple : le Roi a la majorité « présidentielle », qui avalise tellement automatiquement, que, sauf événement catastrophique, (beaucoup de ces gens sont dans « leur » circonscription à 10.000 € par mois) et approuvent. Quant à l’Opposition, elle désapprouve, par principe et sans effet et attend son tour d’avoir la bonne place.

Le peuple, qui ne peut connaître tous ces gens, les ont baptisés « ils ».

« Ils » devraient faire, « ils » nous prennent pour des imbéciles (là il vaut mieux ne pas avoir la réponse). « Ils » sont tous les mêmes. Bon.

Vive la raie publique du peuple par le peuple et pour le peuple !

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