La religion, c’est l’opium du peuple ?

« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel »

Karl Marx.

Il fallait que ce vide fût rempli, que cette puissante, mais éthérée philosophie soit rattachée aux faits historiques.

Pour que le but du chemin choisi par l’intelligence ne soit pas le suicide que propose l’absurdité d’une vie qui se termine par la mort, sans autre alternative.

La proposition religieuse, qui n’a pas su – ou pas pu – évoluer avec le temps, peut-être même cherchant dans son antiquité un argument de validité quand elle ne peut y trouver que des arguties d’invalidité.

Le paradoxe commun, espérer ce que l’on croit pour arriver un jour à croire ce que l’on espère, mettant en lisse deux dynamiques reposant toutes deux sur un artifice dialectique, sorte de passage en force, de guerre lasse, d’un chemin vers la foi, laquelle n’est qu’une autre sorte d’espérance, vide de réalité, qu’il faut accepter comme une fin.

La notion d’espérance contient deux concepts : la notion claire que l’état originel n’est pas satisfaisant et l’avidité d’une attente qu’il le devienne, sans autre source éventuelle que l’espérance elle-même.

Restait à créer un monde imaginaire crédible qui respectât les sources naturelles de la survie des peuples : environnement physique, idées sociales fondatrices, récits fictifs ou réels ayant permis la survie de l’ethnie, récits épiques des ancêtres et autres ciments populaires, pour qu’un personnage charismatique se dessine, digne de révérence, puis avec le temps, de divinisation.

La plupart des prophètes, sauf guerriers, n’ont pas eu une grande audience parmi les leurs. Ils n’ont été acceptés comme tels et révérés qu’avec le temps.

Le phénomène religieux, probablement né de la volonté d’expliquer l’inexplicable aux premiers âges de l’humanité s’est déshumanisé par la naissance des clergés, des législateurs du divin, d’abord pour rationaliser le rapport à d’hypothétiques forces supérieures, puis, la crédulité du peuple aidant, pour former une classe dominante, détenant sa puissance de son pouvoir de l’intersession entre les divinités et leurs supposées créatures.

Dans la plupart des religions, le « bon » fidèle craint son dieu. Les textes et citations pullulent où sont évoqués de bons croyants « vivants dans la vertu et la crainte de Dieu ». Cette crainte procédant de la croyance dans des dieux-juges et, si nécessaires, bourreaux.

Les tentatives d’adoucir – afin de la rendre supportable – la soumission à un dieu, tel le christianisme, qui parle d’un dieu d’amour ( ! ) s’adresse à un monde ou l’amour ne peut rendre compte ni de l’Histoire aux âges historiques, ni de l’état global du monde perceptible, et un dieu, s’il devait exister, ne pourrait être au mieux que sans pouvoir, au pire, un monstre insensible à la misère du monde.

Il existe, dans ce monde, bien des dynamiques bienfaisantes, honnêtes, charitables, mais toutes résolument humaines.

Tout ce qui pourrait encore sauver l’idée de l’existence du divin, serait de croire qu’il se niche, discret, en parcelles infimes, dans chaque être humain et là encore, on aurait une longue liste de suspects d’avoir perverti cette bribe de fragment divin au profit de leur égoïsme.

Paraphrasant Marx, on pourrait dire que :

« La religion est le soupir de désespoir de la créature opprimée, en besoin d’âme, en recherche, même illusoire, dans les fabulations religieuses en tant que bonheur du peuple, et l’exigence de raison que formule son malheur réel »

 

 

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