Intelligence et spécialités

L’intelligence étant la capacité de comprendre, d’appréhender, de s’adapter et éventuellement d’agir de façon adéquate, une pensée corollaire voudrait que moins on comprend, moins on a d’intelligence. Mais que doit-on plus ou moins comprendre pour se considérer plus ou moins intelligent ?

L’inférence voudrait que l’intelligence mesurée croisse ou décroisse avec la complexité des problèmes proposés. Le choix de ces problèmes définit donc les résultats prévisibles, fonctions des cursus d’apprentissage : philosophique, mathématique, musical, littéraire, technologique, etc…

L’adaptabilité de survivance, comprise comme la capacité de comprendre l’environnement et d’y survivre dans les meilleures conditions peut être illustrée par une anecdote ici inventée : l’africain de la forêt dense équatoriale passerait à Paris un examen psychotechnique avec des résultats lamentables, mais le psychologue qui lui ferait passer cet examen ne survivrait pas trois jours dans la jungle africaine.

Donc, vu du point de vue anthropologique, la traditionnelle admiration pour des spécialistes en physique et mathématiques, par exemple, s’adresserait à des sujets qui ont choisi ces spécialités aux complexités progressives, de moins en moins compréhensibles pour le vulgum pecus, mais parce que l’écriture mathématique est un code pour ces spécialistes, comme le langage médical, technologique, musical, tels qu’en usent de nombreuses corporations, qui se complexifie comme avance la connaissance dans chaque domaine. Ces codes sont des outils qui ne peuvent être considérés comme idéogéniques. Ils ne font que « rendre compte » d’une pensée, d’un état, d’une dynamique. Ils ne sont pas des sources de progrès par eux-mêmes.

Lorsque Eratosthène a mesuré avec une précision stupéfiante la circonférence de la Terre au IIIème siècle avant J.C., il l’a fait sur la base d’un raisonnement en mesurant deux angles et en relevant la distance de Memphis à Sienne en comptant les pas des chameaux, animaux réputés pour avoir des « foulées » régulières.

Il s’est agi là d’intelligence pure, sans codes.

De même, quand Mikolaj Kopernik comprend l’héliocentrisme et le mouvement apparent rétrograde des planètes, il procède sans code. Seulement par un raisonnement intelligent.

En somme, gardons notre admiration pour les efforts et les résultats des chercheurs, mais pas spécialement parce qu’ils utilisent des codes, qui ne sont que des conventions aussi indispensables pour eux qu’impénétrables pour tous les autres.

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