En Amérique, après avoir dénigré, on dénègre.

Après « Uncle Ben », c’est, outre Atlantique, le tour de « Aunt Jemima » à être abattue en vol.

Ces personnages de fiction publicitaires ont accompagné les enfants dans leur petits déjeuner pendant des lustres et leur sympathiques sourires faisaient partie de la famille, quand ce n’était pas, comme le dit plaisamment une rédactrice du Washington Post, de son arbre généalogique.

Les afro-américains, comme les blancs continuent à les stigmatiser, car il ne faut pas tout mélanger, tout-de-même, ont été importés d’Afrique. C’est une part de l’histoire des Etats Unis. Ils ont été une main d’œuvre gratuite et ces déracinés se sont adaptés à leur condition et cela n’a surement pas été facile. La littérature et la filmographie américaines ont abondamment tenté de déculpabiliser les états sudistes, comme le film « autant en emporte le vent » ou « devine qui vient diner ce soir »

Et des dizaines d’autres œuvres, comme « la case de l’oncle Tom », etc…mais il n’est pas aisé de faire oublier une guerre civile qui a fait – chez les soldats des deux camps –  620.000 morts.

Depuis la capitulation du général Lee en 1865, il a fallu attendre près de 140 ans pour voir un Noir à la maison Blanche. Mais beaucoup ont parlé de circonstances qui ne sont pas près de se reproduire.

Les 600.000 esclaves déportés d’Afrique ont généré une population de 45.000.000 « d’afro-américains ». Appellation ambiguë et raciste. Pourquoi ne parle-t-on pas d’Euro-américains, ou d’Asiatico-américains, et d’autres, pour les américains d’autres origines ? D’autant que jusqu’au XVI° siècle, hier aux temps historiques, seuls les « Natives Americans » comme on les appelle là-bas, descendant des ethnies venues de Mongolie voici quelques 40 ou 50.000 ans et mieux connus comme « indiens d’Amérique » après l’erreur de Christophe Colomb, sont d’authentiques américains.

Mais, apparemment, il y a encore une grande part de la population américaine pour considérer que dire qu’un Noir est Noir est insultant et plus encore si on le représente dans un rôle de servitude, ou jugée comme telle, pour sympathique que soit la mise en scène.

Le pire racisme n’est-il pas d’éviter soigneusement de souligner l’origine d’un être humain comme singulier, comme différent, pour son appartenance à une ethnie, à une race (autre « gros » mot aujourd’hui), qui soit différente de celle qui domine. Les empires coloniaux n’ont évidemment rien arrangé.

Qui connait le monde sait l’incroyable nombre de racistes qui l’habitent ! Il s’en faut de peu pour qu’il s’agisse de la population mondiale. Ce n’est que pour les « blancs » que les « autres » sont Noirs.

Le racisme n’est en fait que la peur ignorante de la différence. Et la liste des différences est interminable.

N’entrez jamais dans un endroit où on parle de blancs, de noirs, de juifs, d’arabes, d’asiatiques, ou de races moins connues encore : on parle de vous !

Une réflexion au sujet de « En Amérique, après avoir dénigré, on dénègre. »

  1. leur sympathiques sourires faisaient partie de la famille, quand ce n’était pas, comme le dit plaisamment une rédactrice du Washington Post, de son arbre généalogique.

    Effectivement. Comme les sympathiques sourires des nègres de maison qui entourent Scarlett O’Hara dont vous semblez reconnaître certains messages implicites 🙂

    Les afro-américains, comme les blancs continuent à les stigmatiser

    Euh non… le terme afro-américain est avant tout une revendication des Noirs américains. La première fois qu’il apparait, c’est sous la plume d’un noir. Il ressort dans les années 80, parce qu’il permet d’identifier un groupe ethnique, pas par la couleur de sa peau, mais par son origine, comme pour beaucoup d’autres.
    Car vous vous trompez quand vous dites :

    Pourquoi ne parle-t-on pas d’Euro-américains, ou d’Asiatico-américains, et d’autres, pour les américains d’autres origines ?

    J’ai déjà vu ça, exactement en ces termes, sur Facebook.
    Pas de bol, aux Etats-Unis, on parle de sino-américains, d’asio-américains, amérindiens (construction récente pour distinguer les « Peuples premiers » des « vrais » indiens des Indes), on parle aussi de Jewish Americans, qui ne sont pas « que » des américains de religion juive, et une « JAP » n’a rien à voir avec une japonaise, un Jewish American n’est pas un Israélien ni un juif pied-noir (là encore, une identité revendiquée qui mélange ethnie , origine géographique et histoire) … on parle de German Americans, d’Irish Americans, et même de latinos… Un peu plus au sud on parle de Japanese Chilean et c’est même devenue une cuisine particulière, très savoureuse, comme celle des Malais du Cap, qui sont un groupe ethnique d’Afrique du Sud très éloignés maintenant de leurs racines malaises…
    Bref, on est dans un pays où chacun revendique sa double identité, américaine et d’origine. La seule qu’on pourrait dire, c’est que, au regard de la variété africaine, le terme d’Afro-américain est un peu fourre-tout, un Amazigh, un Zoulou, un Masaï, etc. sont très différents. Malheureusement, aux Etats-Unis, le creuset de l’esclavage a gommé ces différences.
    Quand un Américain dénigre un Noir, il ne va pas parler d’Afro-Americain, mais de nègre…

    Appellation ambiguë et raciste

    Ne mélangeons pas tout, et ne jugeons pas avec notre culture et nos yeux d’Européens délivrés de la plaie de l’esclavage sur notre territoire métropolitain depuis la Révolution Française. Ne nous permettons pas de dire qu’une identité revendiquée par une population est « raciste » sans comprendre qu’elle est née dans un pays où le racisme a été légal jusque dans les années soixante.

    Mais, apparemment, il y a encore une grande part de la population américaine pour considérer que dire qu’un Noir est Noir est insultant et plus encore si on le représente dans un rôle de servitude, ou jugée comme telle, pour sympathique que soit la mise en scène.

    Oui, il y a une très grande partie des Noirs américains qui savent très bien à quoi cette appellation correspond dans la tête de ceux qui l’emploient. Entre autres les Noirs qui se faisaient caillasser ou pire quand ils s’installaient dans un faubourg blanc (Missisipi Burning, et ça a encore duré), ceux aussi qui ont subi cette servitude. Je vous renvoie volontiers à « La Couleur des Sentiments » qui décrit la vraie condition de ces sympathiques employées de maison, interdites même d’utiliser les toilettes de la maison, car elles auraient pu transmettre des maladies…

    Le pire racisme n’est-il pas d’éviter soigneusement de souligner l’origine d’un être humain comme singulier, comme différent, pour son appartenance à une ethnie

    Je crois que le pire des racismes est d’imposer à l’autre une identité qu’il ne reconnait pas comme sienne.Désolée pour le point Godwin, mais c’est ce qu’on fait les nazis aux juifs, ou, pour rester plus mesurées, les anti-dreyfusards aux juifs de France. Un Afro-américain n’est pas un Africain. Il a été coupé de ses racines et de l’évolution de sa propre culture depuis au moins trois siècles. Il n’a rien de commun avec un Africain qui émigre aujourd’hui aux Etats-Unis.
    C’est ce que prouve l’expérience dramatique du Libéria « donné » aux esclaves libérés américains, lesquels se sont dépêchés de mettre en servitude ces « négros africains sous développés » dans lesquels ils ne se reconnaissaient pas.
    C’est, d’une façon plus douce, l’expérience d’Alex Haley, l’auteur de Roots, racontant comment il avait été décontenancé, lors de son voyage en Afrique, de se retrouver au milieu de gens dont la peau était beaucoup plus noire que toutes les peaux d’Afro-américains qu’il avait rencontrés jusqu’à maintenant.
    Car les Afro-américains sont quasiment tous des métis, avec dans leur sang les gênes du maître blanc qui engrossait, de gré ou de force, la négresse de maison… ou même des champs, après l’avoir fait laver par la dite négresse de maison.
    La culture d’un Afro-américain, son expérience, son histoire, n’ont rien à voir avec celles des Antillais, des Guyanais ou mêmes des Mélanésiens. Elle n’a rien à voir non plus avec le concept de négritude, même si l’affirmation d’une culture sous-estimée rejoint en partie la négritude.

    Ce n’est que pour les « blancs » que les « autres » sont Noirs.

    Vous oubliez les asiatiques… enfin certains d’entre eux.
    Le racisme n’est en fait que la peur ignorante de la différence.
    Il est surtout l’affirmation de sa propre supériorité face à un « autre » qui est parfois difficile de définir. Affirmation d’une supériorité qui permet toujours de le maintenir dans une servitude légale ou simplement économique au profit du « pauvre ignorant » qui n’en a rien à faire d’être ignorant, tant que ça lui rapporte.

    N’entrez jamais dans un endroit où on parle de blancs, de noirs, de juifs, d’arabes, d’asiatiques, ou de races moins connues encore : on parle de vous !

    ça c’est un monde idéal. Dans un monde réel, il faut en parler, pour reconnaître le préjudice, on ne peut pas remédier à ce qu’on ignore. J’ai l’impression, à vous lire, que pour vous, la première solution au racisme est d’ignorer les différences ?
    Maintenant j’ai une autre question : puisque le terme « Afro Américain » vous semble raciste par rapport au terme « Noir » (si j’ai bien compris), que proposeriez-vous à la place ? Combien de générations faudrait-il pour qu’ils ne soient plus « africains » ? Ne pourront-ils jamais être « américains » ? Combien de générations faut-il pour qu’une personne dont un ancêtre était étranger et dont elle a gardé le nom ne se fasse plus dire de « rentrer chez elle » quand elle critique ce qui est son pays depuis plusieurs générations ?

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