Cet emportement, cette fureur, ce produit de la volonté de l’ignorance des causes vraies pour satisfaire en les libérant les puissances nuisibles de l’ego est un ingrédient dominant des manifestations démocratiques violentes. La colère, qui se veut l’expression d’une cause vue comme légitime, autorise aux foules tous les excès, car ce rassemblement de fureur libératrice se donne comme justification la guerre contre l’injustice. Cette passion, dans laquelle l’émulation mutuelle des participants cherche son aliment dans une cause souvent juste à son origine, trouve facilement l’énergie de sa perpétuation dans la haine. Si le fait déclenchant est aussi fils de la haine, celle-ci ne s’éteindra que par la mort de l’autre, des autres.
La colère de rue, cette mode revendicative.
Chaque membre d’une foule a ses frustrations, ses revendications, se refoulements qui cherchent à s’exprimer, d’une façon dont l’apparence au moins est légitime et qui l’est réellement quelques fois, voire souvent, et quand, à ces multitudes, s’ajoutent les casseurs et pilleurs, ingrédients aujourd’hui obligés des manifestations, les rues d’un pays réputé civilisé se transforment en champ de bataille rangée entre une marée humaine qui veut utiliser la brutalité comme argument et des forces de l’ordre dont les instructions sont d’éviter les conséquences humaines des violences, qui restent donc impuissantes à répliquer.
La Justice « hors-jeu ».
On arrivera toujours à juger quelques auteurs de violence, mais le système de cette violence comme argument se pérennise avec une régularité inquiétante. Aujourd’hui, n’importe quel organisme socio-professionnel, ou corporatif qui n’est pas satisfait par une loi, une règlementation, un décret, se « met en colère » et suivent l’inquiétude, la violence. Un point inquiétant est la désobéissance à la loi. Une manifestation est interdite et les manifestants tombent immédiatement dans le « cause toujours ». Ce principe facilitateur crée des précédents durant lesquels la désobéissance civique règne en maitresse. Certes, on ne peut pas demander à un peuple d’agir comme un troupeau de moutons, mais quand la violence de rue devient la réponse automatique, on peut se demander combien de révolutions sanglantes auraient lieu si la réponse des gouvernements n’était pas de céder à la menace, fermant ainsi un cercle vicieux de l’impuissance politique.
De l’excès des conséquences.
A part les millions d’Euros de dommage sur le parcours des manifestations, les dommages latéraux sont légions et souvent gravissimes. Les blessés, les incendies, les coupures de courant vital pour certains malades, les conséquences des jours ainsi chômés et les pertes pour la production nationale. La fiabilité d’un pays au plan international, tant au niveau de la régularité de ses exportations qu’à la confiance des organismes financiers où de l’hésitation quant à l’opportunité d’investir dans des régions nationales aux troubles sociaux répétitifs et dommageables à la production. Certes, on ne peut pas demander aux masses ouvrières des réflexions fines, mais celles qui précèdent ne sont que de bon sens. II est difficile de donner raison à Descartes pour son « le bon sens est au monde la chose la mieux partagée ». La colère ne peut être un argument de la dialectique. Jamais.
Peut-être serait-il utile de rappeler aux chauffeurs en colère, aux motards en colère, aux fonctionnaires en colère, etc… que « ira, furor brevis est » (lat. : la colère est une courte folie) et que les dégâts causés sont « in fine » toujours payés par les citoyens. Entre autres par les manifestants.
Bonjour Michel
on m’avait appris que la colère est une émotion secondaire, qui nait lorsqu’une émotion primaire (la peur, le fait de se sentir méprisé, pas écouté ou tout autre sentiment négatif) n’est pas reconnue ou entendue par l’autre, ou que la personne elle-même n’a pas les moyens de l’exprimer.
Comme les petits bébés et les enfants qui hurlent…
Peut-être serait-il donc bon de rappeler aux gouvernements que leurs citoyens ne sont pas des sujets, qu’il est bon de tenir les promesses qu’on fait, en particulier de ne pas continuer comme si de rien n’était les suppressions de lits dans les hôpitaux ?
Il y a effectivement des colères manipulatrices, comme celles des députés « bonnets rouges » incitant leurs administrés à refuser les portiques de péages dont ils avaient voté l’installation quelques mois plus tôt à l’Assemblée, sous un autre gouvernement.
Mais la colère est d’abord et avant tout le fait de celui qui en est l’objet. Et ni le gouvernement français ni le patronat ne savent pratiquer l’équivalent social de l’écoute active.
Qu’en penses-tu ?