De la mortelle gloutonnerie de l’actionnariat.

Délocaliser ou sous-traiter la production industrielle pour augmenter les marges bénéficiaires dans les pays occidentaux ont conduit à une désindustrialisation, et son corollaire, une dépendance pour de très nombreux produits de première nécessité, telle l’emblématique production pharmaceutique : il est difficile aujourd’hui d’imaginer exemple plus clair.

Il n’était pas rare, ces dernières années, de se voir servir en pharmacie des produits qu’on se pressait de réputer équivalents à ceux prescrits par votre médecin, parce que, pour des raisons obscures, les produits prescrits n’arrivaient pas de Chine, sans que ces pourvoyeurs ne donnent des explications, qui, de toutes façons, n’auraient que valeur de justification ce dont on ne pouvait que se contenter.

Le même phénomène a touché – plusieurs fois, à bas-bruit – le monde digital, lui aussi très contributif, comme client, de la capacité productive de la Chine, mais l’alarme, là aussi, est maintenant donnée.

Ces deux exemples nous montrent à petite échelle, le danger de se démunir de capacité de vivre en autarcie si nécessaire. De fait, on avait imaginé et essayé de diversifier un peu (Inde, Viêt-Nam, etc.) les produits « stratégiques » (au plan économique, bien sûr), sans penser que de tels problèmes pouvaient toucher des « régions » du monde et pas seulement des pays. On avait imaginé des conflits, commerciaux ou plus belliqueux, mais il n’était venu à personne l’idée du développement pandémique d’un virus létal inconnu jusque-là et par conséquent sans traitement spécifique, qui apparait, de façon inopportune, dans le pays le plus peuplé et le plus sous-traitant du monde. Faisant, en 8 semaines, plus de 1200 morts et 45.000 infectés, probablement perdus. Le tout en hausse quotidienne. La Chine n’étant pas d’ordinaire prolifique d’information si celle-ci peut ternir son image, ces chiffres sont très certainement minorés.

Les communications aériennes couvrant la planète (un coup d’œil au site <radarflight24> vous donnera une idée en temps réel), il n’y a absolument aucune chance de circonscrire le « mal » dans une région aussi vaste que la Chine et ses voisins immédiats, où de nombreux cas sont diagnostiqués et, par suite, au reste du monde.

A l’heure où j’écris (le 12 février 2020 à 10 heures), un paquebot de croisière qui compte 174 personnes infectées, diagnostiquées « coronavirus », avec 3.600 personnes à bord, et aucun port qui veuille le recevoir. On imagine son devenir…

Chaque jour apportant son contingent de décès et de personnes infectées, elles-mêmes dès lors vecteurs d’infection de leur entourage, on voit mal, en l’absence d’un traitement efficace, sur lequel travaillent tous les laboratoires de recherche du monde, ce qui pourrait arrêter l’expansion du phénomène.

La première mesure à prendre serait de restreindre au minimum vital les transports aériens et maritimes et la seconde, pour les pays développés de remettre en fonction, d’urgence, des industries de production pour les produits pharmaceutiques de première nécessité, de sorte qu’en plus de cette pandémie, n’ait pas lieu une catastrophe ajoutée par manque de traitements pour des maladies dont les remèdes existent, mais ne sont plus fabriqués dans leurs pays d’origine, encore non-infectés au point d’être industriellement paralysés, comme la Chine.

La « grippe espagnole » (mal nommée, car elle était aussi originaire de Chine), en un temps où les déplacements n’avaient aucune commune mesure avec ceux d’aujourd’hui (les transports aériens n’existaient pas) avait fait plus de 50.000.000 de morts.

Les philosophes de bistrots vous diront « qu’il faut bien mourir de quelque chose » mais seulement jusqu’à ce que le mal touche leur famille – ou eux-mêmes.

Enfin, ironie du sort, la reconstitution et la mise en fonction des centres de production pharmaceutique feraient disparaitre le chômage dans les pays occidentaux qui en souffrent.

Mais restent deux conditions : que les matières premières soient accessibles et que le virus ne gagne pas la course de vitesse contre la réhabilitation de la production.

D’autres rétrovirus, comme Ebola ou le VIH, qui tuent depuis des années, n’ont pas encore de traitement décisif. Reste l’espoir que les chercheurs trouvent rapidement LA bonne piste.

Les politiques doivent prendre des décisions très rapides et agir plus rapidement encore.

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