Il y a 25 siècles, à Athènes, on discutait l’utilité et les dangers d’écrire la connaissance, pour le risque que les citoyens ne mémoriseraient plus rien, puisque c’était écrit, et perdraient, avec le temps, leurs facultés mnémoniques.
Au XX° siècle, les « calculettes » ont fait leur apparition et la moitié de la population et 70% des enfants et adolescents ne sont plus capables de faire un calcul, même simple, « de tête ». Le phénomène est simple, compréhensible et indiscutable.
Aujourd’hui, avec un « bon » smartphone connecté, on à toute l’information du monde, sans délai, sur l’écran.
Il n’est pas question de mettre ici en cause les bienfaits des moyens de communication modernes, dont l’utilité est démontrée à chaque instant et dans tant de domaines, mais de proposer, dans les méthodes d’éducation, des « sports » mentaux qui aident les nouveaux entrants dans la vie à maintenir et développer les capacités et mécanismes – ressources cérébrales naturelles – à leur meilleur niveau.
La quantité de connaissances n’est certes plus celle du XIX° siècle et il est assurément bon de disposer des progrès technologiques pour avoir à portée de main des informations sures (la plupart du temps), mais il existe de nombreuses situations dans la vie où les décisions sont nécessairement immédiates et où ne sont disponibles que les réponses que notre cerveau est capable de nous donner.
Perdre ces capacités inhérentes à l’homme et ne plus pouvoir être pertinents sans les béquilles digitales est un chemin dangereux pour l’humanité.
Lors de menaces – ou d’attaques – dans le monde numérique, on sent clairement le vent de panique, dans un monde où toutes les instances – financières, organisationnelles, logistiques, politiques, du monde de la santé, de l’éducation, etc. – réalisent le cataclysme planétaire que serait un blocage où une destruction massive des outils informatiques.
Cette vision macroscopique est tout à fait transposable – et beaucoup plus facilement – aux individus et les mésaventures dans ce domaine sont quotidiennes. Priver aujourd’hui un adolescent de son smartphone est plus grave que de le sevrer d’une drogue.
Les responsables politiques « s’amusent » à réformer les programmes scolaires à chaque changement de gouvernement, avec, comme priorités les horaires de cours, les activités ludiques périscolaires et les périodes de vacances !
En ces temps de mutation numérique, la priorité des priorités serait peut-être de développer chez les enfants, outre leurs capacités à l’emploi du numérique, celles dont la nature à doté l’Homme pour que son développement mental soit asymptotique à celui de ses progrès technologiques.
Disposer d’outils capables de calculs fantastiques en un millième de seconde et comprendre comment cela se réalise ne rendra jamais un homme capable de faire de même.
Quand l’homme a domestiqué le cheval, il a pu aller plus vite et plus loin ; mais il est resté maître de sa monture. Avec l’avènement de l’automobile et même de l’avion – au début – il est resté maître de ses machines. Avec la naissance et le développement du numérique, il s’abandonne à une technologie qu’individuellement il ne comprend plus et par conséquent, ne domine plus. Nous vivons le début d’une nouvelle ère civilisationnelle. Ne tombons pas dans un nouveau « digital divide » alors que nous n’avons pas résolu le premier : ouvrir le monde de l’information au Tiers Monde.