Quand, dans des moments aussi simples que notre toilette, nous nous voyons dans le miroir, afin de voir notre réalité, nous nous trompons déjà. Le bras droit du bonhomme d’en face est en réalité le nôtre, mais il est difficile de refuser de le voir comme tel, avec raison, puisqu’il s’agit de notre bras gauche.
L’image inversée ne nous met pas en garde et, bien que nous sachions la vérité sur le phénomène, il est difficile, voire impossible d’en analyser tous les détails.
La photographie, elle fidèle, nous donne l’image de ce que nous sommes dans nos latéralités réelles.
Passant du physique au psychique, qu’en est-il de nos introspections ? Regardons-nous notre moi intérieur comme dans un miroir ou comme sur une photo ?
Si c’est l’effet miroir que nous privilégions, il faut donc en corriger les effets d’inversion. Périlleuse gymnastique mentale partant d’une hypothèse faussée et qui dans le processus de redressement devra subir des erreurs de transcriptions qui sont déjà sujettes à caution, par nature, de l’effet miroir.
Si nous tentons de mentaliser l’effet photographique, cela revient à emprunter le regard de « l’autre » pour redresser l’image mentale introspective et la voir dans sa réalité.
Mais l’introspection d’un état mental transformé en imagerie pour la rendre manipulable, ou au moins observable, relèverait de l’Intelligence Artificielle et cette intrusion-même violerait le processus introspectif, éminemment pur d’artefacts étrangers.
N’est-ce pas là toute la différence entre l’introspection et partiellement au moins, l’analyse : notre œil ou celui de l’autre ? Cet autre qu’il est difficile d’imiter, surtout dans le processus introspectif où c’est nous-même qui sommes cet autre.
On part de la physique pour arriver à la métaphysique, ou la métapsychologie, échappée à la fois vers l’abstrait et la profondeur, ce qui est inspirant