La répartition des pouvoirs.

« Prions l’Autorité de rester dans ses limites : qu’elle se contente d’être juste. Nous nous chargerons d’être heureux ».  (Benjamin Constant, cité par J.M.Guéhenno dans son « Premier XXIème siècle »).

 Le pouvoir assassin.

Personne ne peut imaginer – pas même et surtout pas l’élu à la fonction suprême – ce que celle-ci a de délétère. Le fait, pourtant attendu et tant désiré, de ne voir personne d’autre en regardant vers le haut de la hiérarchie humaine, ne peut que remettre en cause le sentiment d’appartenance à une société grégaire. « Personne entre moi et Dieu !», qu’on croie à son existence et plus encore si l’on n’y croit pas, doit certainement générer un état entre l’exaltation et le vertige devant lequel l’individu hors de la horde est désarmé, comme un enfant un peu désemparé devant ses cadeaux de Noël, doutant de leur réalité.

L’idée de démocratie a dû naître de la prise de conscience par de bons esprits de l’impossibilité pour l’homme seul de détenir tant de pouvoir sans dommage pour son équilibre mental. L’Histoire est peuplée de monstres, que rien dans leur vie avant leur accès au pouvoir ne laissait prévoir la déchéance.

Peut-être qu’un jour, par prudence, on soumettra les candidats aux plus hautes fonctions étatiques à des examens mentaux exhaustifs, afin de s’assurer qu’après leur éventuelle élection, ils auront l’équilibre mental adéquat pour les assumer.

Quelles sources pour la sagesse ?

La qualité de la prime éducation : on s’accorde à dire que l’enfant qui atteint « l’âge de raison » a en fait derrière lui, déjà, les grands traits de sa future subjectivité. L’éducation – dans sa famille – et l’instruction à l’École (université comprise) complèteront sa personnalité sociale et son capital intellectuel, faisant de lui un citoyen apte à postuler à toutes les fonctions de l’appareil étatique. Personne jusqu’alors ne s’est inquiété de ses singularités émotionnelles, des caractéristiques dominantes de son psychisme, de l’épanouissement de sa sexualité, etc., tous faits déterminants pour gouverner.

L’Homme seul est, avec le hasard de ses composantes physiques, physiologiques, psychologiques, caractérielles, émotionnelles, un danger permanent pour lui et pour son entourage.

Faire dépendre le sort d’un État de l’Homme seul procède d’une inconscience fruit de la tradition royale, qui a abondamment, dans l’Histoire, démonté son inanité.

Qu’au XXIème siècle, un état moderne se donne un chef unique est simplement incompréhensible…et dangereux.

Une réflexion au sujet de « La répartition des pouvoirs. »

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