Et si on essayait de prendre le problème des migrations par le bon bout ?

Ma thèse doctorale de psychosociologie « Psychology of migrants and cross-cultural communication », réalisée en 2004-2011, m’a amené à rencontrer des candidats à l’émigration, futurs immigrants de pays plus favorisés dans différents pays. Trois constats essentiels.

Ils préfèreraient rester chez eux, près de leur famille, de leurs amis, de leurs coutumes, du climat qui les a vus naître, etc.

En second lieu, ils n’ont aucune confiance dans un futur meilleur, compte tenu des systèmes politiques peu démocratiques, le plus souvent autocratiques, souvent quasi dynastiques.

La dichotomie « riches-pauvres » de la plupart des pays producteurs de migrants est d’une violence, que les quitter devient pour ceux qui le peuvent la seule issue acceptable.

Les pays sont « souverains », ce qui veut dire que leurs dirigeants font ce qu’ils veulent impunément. On trouve sur les marchés d’Afrique Noire, oh ! pardon, Subsaharienne, des produits de l’aide alimentaire occidentale, dans leurs sacs d’origine estampillés « aide de tel pays » qui étaient destinés à la distribution gratuite aux populations les plus démunies.

Même des actions plus humbles n’échappent pas au « système ». Ainsi « nous » avions organisé, avec quelques pilotes privés de bonne volonté un rallye vers l’Afrique, où la règle était qu’à part pilote et copilote, chaque avion était porteur de 50 kg de médicaments et autres équipements sanitaires. Quatre pilotes étaient médecins et nous nous réjouissions de cette balade utile et, pour nous, agréable (les pilotes sauront de quoi je parle). Mais…

Mais dans le système aéronautique, pour des raisons louables de sécurité, il convient d’envoyer à chaque pays une demande détaillée de survol et atterrissage du territoire national.

Sitôt la demande envoyée, nous reçûmes de la part d’un de ces pays une demande détaillée de nos intentions, que nous fûmes ravis de détailler : visite médico-pharmaceutique des villages accessible aux avions légers.

Ce n’était pas la bonne réponse : on nous souhaita la bienvenue avec un détail cependant. Arrivés à notre premier aéroport dans le premier pays, nous aurions à remettre tous nos médicaments et matériels médicaux à un officier du ministère de la santé.

Nous avons annulé ce rallye.

Après plus de trois mille heures de vol en Afrique, je n’ai plus compté les tentatives d’escroqueries de personnels aéronautiques (bureau de piste, douanes, distributeurs de carburants…). Les quelques doléances rapportées aux consulats de France ont reçu comme réponse : « nous ne pouvons guère vous aider, car nous sommes ici dans un pays souverain ». Bon !

Le système actuel, générant des migrants et favorisant la corruption, ne peut que maintenir un statu quo dont les plus pauvres sont les premières victimes.

L’état des choses évoqué ci-dessus fait presque sourire au regard des réalités migratoires présentes, elles-mêmes dérisoires comparées provisionnellement à celles du domaine les plus optimistes : une population africaine de deux milliards en 2050, tentant de survivre dans des conditions sans doute encore aggravées, « produira » des vagues migratoires sans équivalent dans l’histoire, démographie oblige.

L’unique solution viable serait d’aider les pays « du Sud » à se développer pour devenir « vivables » pour leur propre population.

Cette déclaration, presque enfantine n’en est pas moins une vérité absolue.

Développer l’éducation dans toutes ses branches, universités comprises, la santé, une industrie qui pourrait être le fruit d’investissements rentables, évoquant l’évolution de l’Inde actuelle, de la Chine d’hier, l’électrification et l’exploitation des nappes phréatiques du continent, permettant un développement agricole générateur de modification des conditions climatiques plus favorables, etc…

Les investissements colossaux envisageables seraient moins importants que les chocs effroyables des guerres de conquêtes de vagues migratoires successives de plus en plus importantes et mieux armées. S’agissant de l’Afrique, L’Europe serait bien avisée de repenser son futur. Les grands changements de l’Histoire ont toujours été motivés par des impératifs de survie.

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