Les « Gilets Jaunes » se trompent à deux niveaux, en toute bonne foi.
En fait leurs revendications, pour la plupart légitimes, se résument à la nécessité d’un mieux-être matériel : le fameux « pouvoir d’achat ».
Si, en effet, certains impôts et taxes grèvent les budgets des citoyens, de tous temps, il a bien fallu que le pays vive et progresse et que le budget de l’Etat s’adapte. Point de remède.
L’Etat n’est pas forcément l’unique bon interlocuteur.
Et de tous temps aussi, les citoyens ont honoré leur dette envers la nation en travaillant contre un salaire qu’ils ont partagé.
On aura remarqué, depuis le début de cette crise la discrétion exemplaire du MEDEF et des entreprises en général, qui ont parfaitement compris que l’affaire devrait les concerner sous peu, quand les affrontements inutiles avec le gouvernement ne les mèneraient nulle part, ce dernier ne pouvant donner ce qu’il n’a pas et que le remède, en fin de compte, passera par un meilleur partage des ressources économiques entre entreprises et salariés. Et là, on rejoint le syndicalisme, pur et simple, celui qui connait bien l’entreprise et qui sait appuyer où ça fait mal.
Comme tous ces gens ne sont peut-être pas des spécialistes en finances publiques, mais qu’ils ont un solide bon sens, et que le gouvernement se fera un plaisir de les éclairer en reparlant de l’impôt sur la fortune avec l’excuse de la pression sur lui exercée, d’autres ressources et les incroyablement nombreuses niches jusque-là épargnées.
La première erreur est donc de ne pas appeler le monde syndical à la rescousse. Mais on sent que ce défaut est déjà en voie de correction.
Quant à la seconde hésitation, elle consiste à vouloir rester une vague populaire sans leaders. Aucun système dans l’histoire politique n’a fonctionné, passées les « heures de gloire », sans structure, car le manque d’interlocuteurs autorisés et qualifiés est la première excuse qu’ont tous les pouvoirs pour ne pas dialoguer.
Mais les deux qualités – et non des moindres – des foules sans chefs agissant comme contre-pouvoir résident dans leur obstination et dans un autre mécanisme, plus subtil : le fait d’appartenir à une collectivité dépositaire, selon eux, des espoirs du peuple.
Vox populi, vox dei.