Le vote est un choix à facteurs multiples, qui, par sa valeur statistique déresponsabilise les votants.
Son aspect secret est rassurant, car comme tout choix, s’il n’était pas anonyme, il soumettrait le votant au jugement de son entourage social, avec ce que cet aspect comporte d’altérations des relations familiales, professionnelles, amicales, pas toujours exprimées, qui ouvrent la porte sur l’intimité des valeurs dans tous les domaines, structurant le regard de l’autre, sans possibilité de « mise au point », du fait que cet autre n’est pas supposé connaître ce champ de l’intime subjectivité individuelle, éventuellement orientée vers des choix politiques différents de ceux publiquement exprimés.
Comme tout choix intime, le vote est l’occasion d’un auto jugement sur les raisons profondes qui le déterminent. Pour le citoyen votant, il peut exprimer la révolte, l’espoir, la résignation, la vengeance, la jubilation ou la tristesse, la satisfaction du devoir accompli, le sentiment d’inutilité du fait qu’un vote est perdu dans la masse et que son quantum individuel d’importance est nul. Ce dernier point, d’ordre arithmétique, n’ayant aucune valeur, car les votes comme instruments politiques annulent la valeur du citoyen comme tel et lui ôtent tout droit à opiner, critiquer ou protester contre les actions définies par le résultat du scrutin, par essence majoritaire.
De fait le citoyen n’existe comme fondant la Cité que par deux actions fondamentales : le vote et la conscription en cas de guerre. Toutes ses autres actions découlent du vote pour régler l’existence de la Cité, entre autres, la puissance des édiles élus et la conscription, sa survie. Un héros de guerre qui ne voterait pas, s’excluant ainsi de la vie de la Cité, serait semblable à un père qui se désintéresserait de la vie du fils qu’il a engendré.
La plupart des animaux sociaux se donnent un chef, par un vote instinctif implicite qui assure l’harmonie et la sécurité, essentiellement celle des individus les plus jeunes, gages du futur prolifique du groupe.
Merci pour ces réflexions.
Heureusement le citoyen, s’il est engagé dans un parti ou une association, peut faire pleins de petits actes politiques et influencer la vie de la communauté.