La guerre est consubstantielle à l’Homme.
Elle est un trait du caractère, de la définition exhaustive de l’Homme. Comme le sont l’amour, la haine, le besoin de posséder, l’ambition de dominer son environnement, la crainte de la mort et la volonté de tuer tout ce qui pourrait la provoquer. Elle est le premier produit – et le plus violent – de la peur de l’Autre, porteur des mêmes tares que l’Un, ne laissant dans l’ombre que le « où » et le « quand » de l’occurrence des dangers que chacun connait, pour être capable de les générer.
Les systèmes sociaux qui se sont créés et ont évolué avec leur hiérarchisation, d’ailleurs présente chez d’autres animaux, ont évolué avec le temps, vers un ordre social, dessinant les besoins essentiels de la subsistance et de la défense physique des individus, comme les règles du vivre ensemble et la spécialisation, en fonction des besoins d’alimentation et de survivance du groupe. Dans cette optique, les guerriers, garants de la survie des individus et au-delà de la société, ont vite fondé la caste dominante, puisque détenant les clés de la survie du groupe.
Une société sans guerriers ne devait la vie – et ne la doit encore aujourd’hui souvent – qu’à l’utilité servile qu’elle a. Toutes les évolutions civiques, morales, sociales n’ont rien changé au principe essentiel. Le plus fort – ou le plus apte – domine.
Ce constat vaut au niveau des sociétés entières, des nations ; il prévaut dans les relations internationales, s’agissant du respect des intégrités territoriales, de l’exploitation des ressources planétaires, etc.
En fin d’analyse, les pays les plus puissants, militairement, dominent le monde pour cette simple raison qu’ils sont les plus aptes à la guerre,
L’Homo Pacificus ne peut survivre qu’à l’ombre de l’Homo bellicus.
Malheureusement, au niveau sous-politique, les peuples se déchirent au nom de propagandes répandant la terreur, de loin le meilleur ressort pour mobiliser les hommes, à qui on fait croire qu’en se battant ils protègent leur famille, la paix, le futur de leurs enfants, une hypothétique prospérité et la défense de principes civilisationnels générateurs de bonheur.
De fait, du point de vue des régnants inconscients, les après-guerres sont des périodes de relatif bonheur, puisque tout est à reconstruire, d’où pléthore d’emplois, élévation concomitante des revenus des classes ouvrières, consommation, et, fermeture du cercle vertueux : quand les classes les plus basses peuvent acheter ce qu’elles fabriquent !
Dans une mesure inégale, mais toujours présente, la guerre a une vertu déculpabilisante. Bien que les vraies raisons des conflits ne soient que rarement accessibles aux peuples, l’individu ne peut, sans se sentir inconfortable, s’exclure du devoir de défense de sa société. D’où, corolairement, les forfanteries des « anciens combattants », même ceux qui ont servi dans corps administratifs hors de tout danger.
Les abondantes filmographies d’après-guerre, fondées sur le culte du héros et du traitre, sont pour beaucoup dans cette étrange façon de considérer la guerre comme une opportunité de saisir la gloire.
Les hommes – et souvent les femmes – morts dans les guerres, en nombre presqu’infini, n’ont certainement pas souhaité cette gloire attachée au souvenir qui les concernent. Ils ne sont que des vies gâchées.
Tant que la violence restera le moyen essentiel d’assouvir la soif de puissance, l’espèce humanité restera, comble de l’absurdité, sa propre prédatrice.
Mais il reste qu’un peuple agressé se déshonorerait en ne prenant pas les armes. Là réside l’unique justification de la guerre.
Comme dans une famille si le père menace les enfants de la punition, cela peut être cadrant et les enfants utilisent leur énergie pour construire. Si le père passe à l’acte et violente, le cadre n’est plus contenant et les enfants vont éventuellement suivre son exemple et dominer par la violence et détruire