
Supplice de la goutte d’eau…
Ce supplice, dont l’emploi historique n’est pas avéré, rendrait fou le supplicié par la répétition métronomique de la chute d’une goutte d’eau, au même endroit, pendant de longues périodes.
Monsieur Bourdin entre sur le plateau avec la liste des phrases qu’il veut faire dire à son interlocuteur. Celui-ci qui avait accepté ce rendez-vous pour s’exprimer sur des sujets qui lui paraissent essentiels, tente, pendant vingt-cinq minutes, d’être celui qui sera écouté, éventuellement entendu.
C’est là qu’intervient le divorce : Monsieur Bourdin entend lui, que son invité réponde à ses questions, et seulement à ses questions. Et sa méthode est simple et efficace : le supplice de la goutte d’eau. Il pose sa question, et l’invité, à qui cette manière de présenter les choses ne convient pas et essaie de développer son idée, mais rien n’y fait : Monsieur Bourdin, inlassable, répète sa question, de façon lancinante, jusqu’à une éventuelle victoire !
Ce mode d’interview, où le « journaliste » vient chercher la confirmation de ses préjugés au lieu d’un duo intelligent où l’invitant et l’invité dégageraient ensemble les idées fortes utiles aux auditeurs, on n’assiste qu’à la performance d’un aboyeur de foire qui ne lâche rien jusqu’à ce que le client accepte de guerre lasse d’entrer dans la tente de la diseuse de bonne aventure.
Et, dans la profession, on appelle ces manières aussi inélégantes qu’improductives de la pugnacité ! Pourtant les bons exemples ne manquent pas : Roux, Brunet, Rissouli, même Pujadas quand il n’est pas lénifiant, etc…
En dialectique, l’ego est rarement productif. Et faire dire à l’autre ce qu’on en attend, ça c’est la diatribe, où l’interlocuteur n’est même plus nécessaire. Pourquoi ne pas revenir au bon vieux dialogue ?
Bien, sûr, Monsieur Bourdin est plus courtois avec les puissants, on n’est pas des sauvages tout-de-même !