Aujourd’hui, 31 décembre 2023, des centaines de millions de personnes vont dire à d’autres centaines de millions qu’elles leur souhaitent des milliards de bonnes choses, comme une bonne santé, du bonheur plein les bottes, de la prospérité par wagons, et de la tendresse, de l’amour même ! Ouf ! De quoi étouffer de bonheur.
On souhaiterait que ces millions de bons vœux qui vont saturer les canaux de communication se transforment par magie en réalités palpables.
Mais bien peu sont ceux qui se préoccupent de savoir d’où vont sortir toutes ces bonnes choses, dont, tel Ponce Pilate, chacun de nous s’est lavé les mains en les souhaitant, satisfait de cette bonne affaire tranquillisante pour la conscience et magiquement active, sans frais !
Sur qui, ou sur quoi comptons-nous pour que ces souhaits ne soient pas vains ? Quel miraculeux déluge se chargera de ces averses de bonheur, qui restent chez chacun au niveau du vœu pieux ?
Mais ce constat de morale à trois sous ne fait que nous rappeler que ces messages ne sont en fait que pour signifier à l’autre qu’il est dans nos pensées, dans la liste de ceux à qui nous ne voulons pas de mal, mais à l’aide de formules plates, afin qu’il n’aille pas penser qu’il pourrait nous prendre au mot si les choses de la vie le maltraitaient.
En somme, nous nous partageons le travail avec la providence : nous apportons le vœu et la providence, éventuellement, les éléments concrets des bonheurs souhaités. On ne s’en sortirait pas autrement avec tous ces tas « d’amis » qui, à notre image, se lavent le coin des yeux de leur conscience une fois par an, pour ne pas être oubliés, au cas où, par hasard, on aurait un jour besoin d’eux.
L’affaire fonctionnerait peut-être mieux si nous nous adressions le meilleur, chacun à soi-même, car l’égoïsme aidant, la réalisation des souhaits serait plus probable.
L’amour et l’amitié sincères se passent de ces formules creuses et prévisibles, mais elles sont peut-être un vaccin de rappel pour ceux à qui on ne peut pas prouver chaque jour, par nos actes, que nous les aimons.
La cyclicité du temps du calendrier humain a besoin d’un coup de pouce rituel à chaque recommencement et les incantations d’usage vont faire tourner les événements à notre collectif avantage….on en a bien besoin